Devenir maman: un cadeau qui n’avait pas de prix pour Mannon Vézina

FAMILLE. Autant sur le plan financier que physique, Mannon Vézina a payé «le gros prix» pour réaliser son rêve de devenir maman. Mais, malgré tous les problèmes de santé et les dizaines de milliers de dollars engloutis dans la fécondation «in vitro», elle estime que le jeu en valait la chandelle. Surtout lorsqu’elle contemple la frimousse de ses quatre magnifiques enfants.

Athlète émérite et hockeyeuse de haut niveau, Mannon Vézina n’aurait jamais cru devoir surmonter autant d’obstacles pour donner la vie.

Enceinte une première fois dans la mi-vingtaine, son rêve tourne au cauchemar lorsqu’elle développe une grossesse ectopique. «J’ai bien failli y rester. On m’a réanimée à deux reprises; une fois dans l’ambulance et une fois à l’hôpital. Après cet épisode, on m’apprend que je suis infertile et que je ne pourrai pas avoir d’enfant», raconte la femme originaire de la région de Québec.

Refusant de se laisser abattre, elle opte pour la fécondation «in vitro», une option qui se traduira par la naissance de Raphaelle (11 ans), Frédéricke (9 ans), Maxhymm (6 ans) et Willhyamm (3 ans).

Ces «cadeaux de la vie» seront toutefois entrecoupés de plusieurs fausses couches et de nombreux moments éprouvants. «Pendant 12 années consécutives, j’ai dû me faire des injections d’hormones (pour provoquer l’ovulation). C’était très difficile émotivement, car on vivait beaucoup de peine et de déception lorsque ça ne fonctionnait pas», avoue-t-elle, tout en traçant un parallèle avec l’histoire de Suzie Lambert dans la dernière saison de Lance et Compte.

Seule survivante de triplés

Lorsqu’elle a enfin accouché de son premier enfant (sa fille Raphaelle) il y a un peu plus de 11 ans, Mannon Vézina a poussé un grand soupir de soulagement, même si elle était animée par des sentiments partagés. «J’étais enceinte de triplés, mais les deux autres embryons sont décédés très tôt durant la grossesse. On n’a jamais su le sexe des autres, car ils n’étaient pas assez développés», explique la maman de 39 ans.

«Mon fils (Willhyamm) a également une belle histoire, puisqu’il est le seul bébé qui a survécu parmi sept embryons congelés», ajoute-t-elle.

Une aventure de 89 000 $

Bien que la maternité n’ait pas de prix, Mme Vézina reconnaît que l’aventure de la fécondation «in vitro» a coûté passablement cher. «Pour 15 000 $, on avait droit à deux ou trois essais. À cela, il faut ajouter tous les frais de déplacement pour les différents rendez-vous et consultations à Montréal. Au total, on parle de 89 000 $ sur une période de 12 ans», estime-t-elle.

Comme si ce n’était pas suffisant, la nouvelle maman a dû composer avec les ennuis de santé de son conjoint Marc Leblanc, victime d’une grave maladie intestinale il y a neuf ans. «Les médecins ont annoncé à Marc qu’il avait seulement deux mois à vivre. Ce fut heureusement un mauvais diagnostic, mais ce fut en même temps dévastateur. En peu de temps, nous avons tout perdu (maison, compagnie de son conjoint) et nous sommes tombés très bas», relate-t-elle.

«Heureusement, mes beaux-parents sont venus à notre rescousse et nous ont aidés à nous remettre sur les rails. C’est là qu’on voit la force d’une vraie famille», dit-elle avec une profonde reconnaissance.

Un véhicule de 15 places

À une époque où les familles comptent habituellement un ou deux enfants, Mannon Vézina fait presque figure d’extra-terrestre avec sa bande de quatre.. et sa mini-fourgonnette de 15 places.

Et comme si ce n’était pas suffisant, elle est devenue famille d’accueil pour deux autres enfants (8 mois et 4 ans) il y a quelques mois. «J’ai toujours aimé être entourée d’enfants, et j’en aurais eu moi-même au moins six, si mon corps avait été capable de le supporter. D’ailleurs, notre famille ne s’arrête pas là, puisque Marc avait déjà deux autres enfants plus âgés (nés d’une précédente union), qui sont eux-mêmes parents à leur tour aujourd’hui», énumère la résidante d’Orford.

Entre les rendez-vous familiaux, les matches de hockey (les siens et ceux de ses enfants) et la collaboration au travail de son conjoint – maintenant directeur d’une usine à St-Élie d’Orford – Mannon Vézina continue de nourrir des projets de vie, parfois un peu fous. «Je suis un hyperactive non contrôlée, qui a toujours besoin de nouveaux défis. Ces temps-ci, je joue au dek hockey trois fois par semaine et je fais quelques tournois de hockey sur glace les week-ends. Mais quand je dois aller à l’extérieur, on se sépare la gang et j’amène avec moi la moitié des enfants», lance-t-elle en riant.

Et qu’est-ce qu’une femme aussi occupée peut bien souhaiter pour la Fête des mères? «Honnêtement, je n’ai pas d’attente particulière, car notre vie est déjà bien remplie. J’avoue par contre être toujours émue quand je reçois les petits cadeaux que les enfants fabriquent à l’école». (P.T.)