Des propriétaires terriens crient à l’injustice

Des propriétaires de vastes terrains vacants à Magog crient à l’injustice, car la Ville de Magog freine toute possibilité de développement résidentiel avant huit ou 15 ans.

Les frères Jocelyn et Christian Beaudette ont manifesté leur indignation lors de la séance publique du conseil municipal de Magog, le 2 juin dernier. Polis, mais fermes, ils n’hésitent pas à parler de discrimination, de favoritisme et de musellement.

Le conseil municipal prévoit adopter un règlement priorisant des zones de développement. Certains propriétaires de terrain profiteront d’une possibilité de développement résidentiel dans un horizon de 0 à 8 ans, mais d’autres devront faire preuve de patience dans un délai de 8-15 ans ou même de 15 ans et plus.

«Nous sommes lésés pendant que nos concurrents sont morts de rire. Nous sommes KO pendant 15 ans, mais on doit encore payer des taxes», déplore Christian Beaudette.

Son frère Jocelyn veut tout simplement que les élus traitent les promoteurs sur le même pied d’égalité, tout en laissant la libre entreprise et concurrence s’exprimer. «Ça fait 27 ans qu’on possède notre terrain de 1,8 million de pieds carrés et nous avons payé près de 60 000 $ de taxes depuis l’acquisition. Il représente une bonne partie de notre fonds de pension, mais il ne vaut plus grand-chose sur le marché sans possibilité de construire des maisons», déplore-t-il.

Les frères Gaudette digèrent mal ce revirement de situation, surtout que la Ville, par le passé, leur a demandé des plans préliminaires et des études environnementales, ce qui fut fait.

Leur terrain, qui pourrait potentiellement rapporter 450 000 $ par année en revenus de taxes à la Ville, est situé près des rues Merry Sud et Mgr Laval. Les frères Beaudette attendent depuis plusieurs années l’ouverture du boulevard Laroche pour vendre des terrains et des maisons, mais la Ville dit qu’elle n’a pas les moyens ni la marge de manœuvre pour ouvrir cette rue qui donnerait accès au terrain des frères Beaudette.

Jacques Lamontagne, qui possède une vaste propriété en bordure du chemin Belvédère, à Magog, peste également contre la Ville de Magog. Il ne comprend pas les agissements du conseil qui, selon lui, créent, deux sortent de citoyens en ne ciblant qu’un plus petit groupe de favorisés. «C’est injuste, car je ne peux rien faire avant 15 ans. J’espère que je vais obtenir un congé de taxes, surtout si mon terrain ne sert qu’à faire pisser des chiens», s’insurge-t-il.

Le directeur général de la Ville de Magog, Armand Comeau, comprend les doléances des propriétaires, mais insiste pour dire que la Municipalité doit prioriser des zones de développement. «On identifie les zones où les réseaux d’égouts, d’aqueduc et routiers sont tout près, ce qui fait réduire considérablement les factures. On ne peut pas développer tout en même temps, car le marché ne le supportera pas, de toute façon. De plus, imaginez les coûts d’entretien des rues si on en a plusieurs à s’occuper, surtout avec des bouts de rue incomplets avec quelques maisons seulement», explique-t-il.