Confidences de Biz, l’écrivain

LITTÉRATURE. Sébastien Fréchette, mieux connu sous le nom de Biz, était de passage à la Bibliothèque Memphrémagog, le 15 octobre dernier, dans le cadre du mois des bibliothèques publiques de l’Estrie afin de parler non pas de son parcours de rappeur, mais de celui d’écrivain.

Par François Bouchard

Ceux qui connaissent l’œuvre de Biz savent qu’il est un amoureux des mots de la langue française et qu’il joue avec eux dans son groupe Loco Locass. Portant depuis peu le chapeau d’auteur, il a tenu à remercier dès le début de la soirée les gens de s’être déplacés en si grand nombre pour entendre parler de littérature, signe que la culture est toujours bien présente dans la région.

Il a ensuite parlé avec franchise aux cent personnes devant lui de ses débuts comme auteur. «Jusqu’en 2010, je n’écrivais que du rap. C’est tout ce que j’étais capable de faire, et je croyais jusqu’à tout récemment faire ça pendant encore très longtemps. Je n’avais aucun plan de carrière; je n’avais aucune intention de me mettre à la prose ou au roman», explique-t-il.

Puis, au hasard d’une rencontre, la littérature s’immisce dans sa vie. «La première personne qui a su que j’allais écrire un livre, avant même que je le sache moi-même, c’est l’éditeur Jean Barbe. On s’est croisés il y a cinq ou six ans à une émission de radio et il m’a remis sa carte en me disant d’aller le voir si jamais j’écris autre chose que du rap. Moi, à cette époque-là, je lui ai répondu qu’il était bien gentil, mais que je ne croyais pas le contacter, car mon métier de musicien me plaisait et que je gagnais bien ma vie.»

Mais la vie ne nous amène pas toujours là où on l’attend. Une dépression le plonge en effet dans le noir et il se terre dans son lit. «Après la tournée de 2006, j’ai vécu un deuil post-tournée qui m’a conduit vers une dépression, en plus de devenir père au même moment. Je ne faisais vraiment rien de mes journées et je dérivais dans mon lit. C’est là que je me suis dit que je pourrais écrire sur le fait que je ne fais rien. C’est comme ça qu’est né mon premier livre «Dérive». Une autofiction d’à peine 90 pages d’introspection binaire.»

Ayant pris goût à l’écriture de longue haleine, il récidive en 2011 avec La chute de Sparte, un récit mettant cette fois en vedette Steeve, un ado de 16 ans aimant critiquer sa société.

En 2014, il publie «Mort-Terrain», un roman dont il est très fier, car il est travaillé et vraisemblable, bien que l’histoire se déroule dans un village fictif de l’Abitibi. Le récit tire ses origines du Wendigo, un personnage mythique du folklore amérindien vieux de 3000 ans. En ayant fait une chanson avec son groupe, Biz souhaitait désormais creuser un peu plus l’idée du Wendigo afin d’en extraire tout son potentiel. «J’ai dû faire en sorte qu’on ressente l’Abitibi, avec ses épinettes, ses bancs de neige, sa géologie et ses habitants», affirme-t-il.

Biz avait également un mot pour ceux et celles qui abhorrent la lecture. «À celui qui me dit qu’il n’aime pas lire, je lui réponds qu’il n’a simplement pas encore trouvé son livre.»