Bertrand Gosselin laissera un grand vide sur la scène judiciaire

SCÈNE JUDICIAIRE. Après avoir courageusement combattu un cancer généralisé pendant plusieurs mois, le vétéran journaliste Bertrand Gosselin est décédé à l’âge de 78 ans, dans la nuit de dimanche à lundi.

Le décès de ce spécialiste de la scène judiciaire n’a pas vraiment surpris personne puisque ce dernier avait fait son entrée à la Maison Aube-Lumière au cours des derniers jours. Il était affaibli par la maladie depuis plusieurs mois.

Bertrand Gosselin laissera un grand vide dans le milieu de la presse régionale, notamment sur la scène judiciaire où il était considéré comme étant la référence.

Incalculable le nombre d’heures que celui-ci a passé entre les quatre murs du palais de justice (le vieux et le récent) dans le but de résumer la scène judiciaire. Jour après jour, Bertrand Gosselin se pointait au palais de justice en quête de reportages. Passionné du métier, acharné, désireux de faire la lumière sur le déroulement des divers procès, doué pour raconter les choses, capable de faire les nuances, crédible et respecté, Bertrand Gosselin représentait un monument de la scène judiciaire.

Un Magogois dans l’âme

Le Magogois d’origine avait débuté sa carrière journalistique au Progrès de Magog en 1974, développant une spécialité dans les faits divers.

Il a poursuivi sa carrière à radio CHLT où il a œuvré avec les Jean Arel, Yves Bellavance, Pierre Laramée, etc. C’était dans les années 1980-1990. Il a aussi collaboré avec plusieurs médias au fil de ses 40 ans de carrière, dont Le Journal de Sherbrooke (maintenant le Sherbrooke Express), Le Journal de Montréal et Le Reflet du Lac..

Plusieurs journalistes de la région ont pu compter sur Bertrand Gosselin à titre de mentor. Luc Larochelle de La Tribune en est un qui a pu compter sur les précieux conseils du vétéran journaliste au début des années 1980.

Bertrand Gosselin a fait l’objet de plusieurs hommages au cours des derniers mois. Le printemps dernier, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec avait souligné sa longue carrière en mettant l’accent sur ses faits d’armes.

Vendredi dernier, lors de la rentrée judiciaire au palais de justice de Sherbrooke, le juge coordonnateur de la Cour du Québec, Conrad Chapdelaine, en a profité pour lui rendre un hommage bien senti.

En présence des juges, avocats et procureurs du district de Saint-François, Conrad Chapdelaine a consacré quelques minutes à vanter les mérites de celui qui a une longue feuille de route.

«C’est une grande responsabilité d’être journaliste sur la scène judiciaire. Bertrand a énormément apporté de crédibilité à ce volet de l’actualité», a mentionné le juge. Celui-ci s’est attardé à parler de la justesse de ses propos en ondes et de la concision de ses écrits dans les journaux. «Il évitait toujours de verser dans le sensationnalisme», a insisté le juge.

Les gens de la salle ont réservé une chaleureuse salve d’applaudissements à celui qui s’est avéré un serviteur de toutes les causes.

Un immense portrait de lui ornera désormais l’un des murs du palais de justice de Sherbrooke.

Des démarches ont déjà été enclenchées sur le plan protocolaire.

«Pour nous, il est important de rapporter la nouvelle auprès du public. Un public bien renseigné permet de générer de la confiance en l’appareil judiciaire. Jamais il ne manquait de respect dans sa façon de travailler et il faisait toujours preuve de rigueur», d’émettre celui qui l’a connu en 1974 alors qu’il était jeune avocat.

La conjointe du journaliste, Lisette Maurice, était présente dans la salle pour entendre les propos du juge Chapdelaine.

«Le palais de justice, c’était sa deuxième maison. Il est même venu faire une petite saucette il y a deux semaines. Les gens du palais de justice, c’était sa deuxième famille. Il prenait toujours le temps de s’asseoir avec les avocats, tôt le matin, et discutait avec eux dans un climat très amical», a-t-elle pris soin de souligner.

À noter que c’est le directeur de la station de radio 107,7, Jocelyn Proulx, qui est à l’origine de cette initiative. «Au départ, j’ai effectué des démarches afin que l’on puisse donner son nom à l’une des salles du palais de justice, mais la loi stipule que l’individu doit être décédé depuis au moins deux ans. C’est à ce moment que le juge Chapdelaine a proposé l’idée d’accrocher son portrait au palais de justice», confirme Jocelyn Proulx.