André Métras se confie sur le décès de son fils

Il y a huit ans, la vie d’André Métras a pris une tournure dramatique alors que son fils Pierre-Alexandre est décédé dans un accident de la route, à l’âge de 19 ans. Une épreuve cauchemardesque pour les parents et la famille qui ont su, un jour à la fois, s’accrocher au plus fort d’eux-mêmes en laissant l’espoir guider leur destinée.

C’était le 29 mai 2009, un vendredi. Pierre-Alexandre avait obtenu l’accord de ses parents pour prendre part à une fête à Montréal avec ses amis. Tout avait été planifié pour que cette première sortie «hors Estrie» se déroule sans anicroche. Il y avait un conducteur désigné dans la gang d’amis et ils avaient une place sécuritaire où coucher avant de revenir le lendemain. Tout devait bien se passer, mais le sort en a voulu autrement.

L’impact s’est produit au kilomètre 70 de l’autoroute 10 dans le secteur de Granby, sur le chemin du retour, au beau milieu de la nuit. Les jeunes avaient décidé de revenir le soir même, sachant que l’on dort toujours mieux dans son lit. Ce soir-là, la vie de plusieurs familles a basculé à jamais. «Le conducteur s’est endormi au volant, raconte André Métras. La voiture s’est dirigée vers le terre-plein central avant d’effectuer plusieurs tonneaux. Tout le choc a été absorbé du côté droit arrière du véhicule, là où se trouvait Pierre-Alexandre. Il n’a eu aucune chance, mais au moins, il n’a pas souffert.»

Une fin brusque. Un départ sans avoir la chance de dire au revoir. Il était 10 h 30, le lendemain, lorsqu’André Métras, sa conjointe Guylaine Larochelle et leur fille Marie-Élaine ont appris la nouvelle. Plutôt que de voir le sourire de P-A à travers la porte, ils ont reçu la visite de deux policiers au non verbal lourd de sens. «Ils n’ont eu besoin de rien dire, qu’on avait tout compris. Sur le coup, la douleur est indescriptible. Ça fait tellement mal en dedans. Aucun parent ne s’imagine perdre son enfant un jour. C’est un morceau de nous qui nous quitte pour toujours», confie celui qui est directeur général chez Magog Technopole.

S’il est facile de sombrer, d’en vouloir à la vie et de crier à l’injustice, les parents de Pierre-Alexandre ont opté pour la voie de la résilience. Même dans les heures qui ont suivi le drame, ils tenaient à s’assurer que les trois autres jeunes impliqués dans l’accident, qui s’en sont sortis indemnes, puissent vive leur deuil sans culpabilité. «C’était purement accidentel et le conducteur n’avait rien fait de mal, insiste-t-il. On lui a pardonné à l’hôpital pour qu’il sache que nous ne lui en voulions pas. Ces trois jeunes ont été confrontés à la mort à un jeune âge. Il ne fallait pas rendre leur souffrance encore plus insupportable sachant qu’ils avaient encore toute la vie devant eux.»

On ne guérit pas d’une telle blessure sans effort. Chaque jour est un combat intérieur et chaque étape du deuil est lourde à traverser, mais essentielle pour avancer dans la bonne direction. Aux dires d’André Métras, le plus difficile a été de laisser son fils poursuivre sa route de l’autre côté. «Un jour ou l’autre, il faut accepter de le laisser partir. Même si on s’accroche, il ne reviendra pas. Sinon, on se fait mal, on s’éteint à petit feu et on rend les gens autour de nous malheureux. Il faut profiter au maximum des beaux moments qu’il nous reste», conseille-t-il.

Malgré son départ précipité, Pierre-Alexandre demeure bien vivant dans l’esprit d’André et ses proches. Avec le temps, chacun a trouvé sa façon de le garder près de lui et de le faire vivre différemment, sous un nouveau jour. Son héritage comme jeune adulte est lourd de sens pour ses proches à qui il a laissé une belle leçon de vie: celle de ne jamais baisser les bras. «P-A s’était fait tatouer le mot hope sur le bras, à notre insu. Sur le coup, on était fâché, mais maintenant, on en comprend le sens. Il avait un mal de vivre au point tel de se faire tatouer ce mot sur le bras. Ce n’est pas rien. Lui-même s’accrochait à l’espoir que demain serait un jour meilleur. C’est sa dernière signature et elle nous guide encore aujourd’hui, tous les jours», conclut-il.