10 ans après l’ouverture du Walmart On se bat contre un magasin à escomptes, c’est très difficile,à Magog: les opinions divergent toujours

L’arrivée d’un géant américain comme Walmart passe rarement inaperçu dans une communauté et Magog n’a pas fait exception. Il y a bientôt dix ans, plus précisément le 1er août 2007, ce magasin grande surface ouvrait ses portes après des débats houleux entre les voix pour et contre.

Même si le nom Walmart restait muet des déclarations publiques à l’époque, la Ville de Magog savait pertinemment que cette bannière lorgnait un immense terrain vacant de la rue Sherbrooke. Les élus choisissaient bien leurs mots lorsqu’ils ont présenté un projet de règlement visant à changer le zonage dans ce secteur.

«On n’avait pas de preuve écrite que c’était Walmart qui s’en venait, mais en même temps, on n’était pas fou, raconte le maire à ce moment, Marc Poulin. Déjà que l’opposition était vive, il ne fallait pas jeter de l’huile sur le feu. C’est pourquoi on parlait d’un magasin grande surface.»

S’il a vécu bien des dossiers chauds sous son règne comme la fusion municipale et le déménagement de la bibliothèque, Marc Poulin reconnaît que le débat autour du Walmart a été particulièrement émotif. «J’en ai eu des coups de poignards dans le dos, mais ça fait partie de la vie politique. Je ne suis pas rancunier. Toutes mes décisions, je les ai prises dans l’intérêt de mes citoyens. Il fallait régler le problème de fuites commerciales vers Sherbrooke et c’est ce qu’on a fait. Aujourd’hui, ce sont les consommateurs qui en profitent avec des produits à très bon prix», constate l’ancien politicien.

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Toutefois, il se montre moins optimiste en voyant ce qui se passe sur la route 112 avec le développement du Carrefour Santé Globale et de tous les services qui y sont rattachés. «Toutes les villes qui ont laissé l’ouest se développer ont vu leur centre-ville mourir. Je suis très inquiet par ce qui se passe. À mes yeux, ce troisième pôle commercial n’est pas nécessaire», insiste-t-il.

Toujours pas convaincu

Si c’était à refaire, Marc Poulin maintiendrait sa position tout comme Denis Vigneault, le visage de l’opposition à l’époque derrière la création du regroupement citoyen Vision Memphrémagog. M. Vigneault demeure convaincu que Walmart n’a pas sa place dans une ville récréotouristique comme Magog. «On ne peut pas attribuer la faute directe à Walmart, mais ce n’est sûrement pas un hasard si le centre-ville en arrache encore aujourd’hui, soutient-il. C’est difficile pour des petits commerçants de rivaliser quand t’as un quasi-boulevard Taschereau juste à côté», fait-il remarquer en pensant à la rue Sherbrooke.

Comme d’autres voix qui se sont mobilisées à ses côtés, Denis Vigneault voit encore cette grande chaîne comme un «mauvais citoyen corporatif». Il préfère encourager par principe les commerçants locaux. «Pour moi, création d’emplois et Walmart, ça ne va pas ensemble. Ce n’est pas avec des conditions minimales et du temps partiel que tu peux réussir à faire vivre une famille. S’il réussit à offrir des prix aussi bas, c’est que cette bannière fait des économies ailleurs sur le dos d’autres personnes», déplore le résidant d’Orford.

«Je ne regrette pas d’avoir pris position»

La mairesse Vicki-May Hamm en était à ses premières armes en politique, comme conseillère, lorsque le Walmart est arrivé dans le portrait. Elle se souvient d’ailleurs que sa position en marge de la majorité du conseil avait créé une certaine onde de choc. La politicienne explique qu’elle questionnait la pertinence de dézoner un secteur résidentiel pour du commercial, «surtout que le Zellers offrait la même gamme de produits».

«Dix ans plus tard, je peux dire que ma décision serait différente, car le Zellers n’est plus là, mais je ne regrette pas d’avoir pris position à l’époque. Je ne crois pas que le Walmart fait mal au centre-ville, car les deux ne visent pas la même clientèle. On peut penser que l’arrivée du Walmart a fait mal à Yellow et Spencer, qui ont fermé leurs portes sur la Principale. D’autres diront que ces deux bannières n’avaient pas leur place au centre-ville», explique-t-elle.