Une soif d’aventure en VR à saveur familiale
AVENTURE. Certains en rêvent, sans jamais oser s’y lancer. D’autres, à l’inverse, décident de tout abandonner pour le vivre, advienne que pourra. C’est le cas de Roxann Malbeuf et de ses deux enfants, qui passeront les quatre prochains mois, à bord d’un véhicule récréatif (VR), à rouler sur des milliers de kilomètres à travers le Canada et les États-Unis.
Connue comme entrepreneure dans le milieu de la construction à Magog, Roxann Malbeuf possède bien des compétences qui l’ont conduite jusqu’aux commandes de son entreprise, Structure RP3. Toutefois, malgré son coffre à outils bien garni, la principale intéressée avoue être bien loin du profil habituel des personnes qui se lancent dans de telles aventures.
«Je n’ai jamais eu un style de vie comme une nomade et encore moins comme une hippie. Alors oui, c’est tout un changement!», lance en riant la mère de famille, qui se trouvait dans un parc national de la région de l’Utah, au moment de l’entrevue. Dans les premiers jours, tout ce que l’on vivait était des premières, donc ç’a nécessité beaucoup d’ajustements. Mais là, rendu à notre 11e journée, on commence à se sentir bien dans notre nouveau chez nous!»
S’obliger à arrêter avant qu’il ne soit trop tard
La maman en solitaire et ses deux enfants, Juliette (11 ans) et Édouard (9 ans), ont quitté la région à la fin avril, après plusieurs mois de préparatifs, notamment pour fixer l’itinéraire et réserver les emplacements pour le coucher. Pour ce faire, Roxann Malboeuf s’est offert un congé sabbatique jusqu’en août prochain pour s’accorder ce temps précieux en famille, mais également s’offrir une pause personnelle qui était plus que nécessaire, à l’aube de ses 40 ans. «Depuis 2019, j’ai vécu des choses difficiles qui m’ont vraiment secouée et fait réfléchir sur mes choix, dont une séparation, des deuils et la maladie. Et depuis longtemps, j’ai beaucoup cherché une forme de reconnaissance par le travail. Mais au final, ça m’a complètement brûlée. Tout ça m’a amené à des remises en question et à réfléchir sur où j’en étais rendue dans ma vie comme mère, femme et entrepreneure. C’est à ce moment que j’ai décidé de mener à bien ce projet, qui me trottait dans la tête depuis un bon moment.»
Cette dernière devait évidemment avoir l’approbation de ses futurs compagnons de voyage qui ont, heureusement, été faciles à convaincre, malgré l’inconnu qui se présentait devant eux. «Au départ, je pensais devoir faire leurs devoirs à la maison, mais finalement, avec l’accord de leur école, ce n’était pas nécessaire par rapport à où ils étaient rendus dans leur année scolaire. Ma fille va rater ses examens du ministère puisqu’il n’y a aucune possibilité de les faire à distance. Mais l’impact sur sa note ne l’empêchera pas de graduer au secondaire. Je suis chanceuse, car mes deux enfants sont doués à l’école, alors ce n’était pas un problème.»
Si les deux aventuriers en herbe se retrouvent donc déjà en vacances «estivales», leur guide touristique soutient que les occasions d’apprendre demeurent très nombreuses. Que ce soit l’apprentissage de l’anglais, le dépaysement vers des lieux inconnus, la tolérance dans la cohabitation et surtout, l’adaptation face aux imprévus.
Durant 4 mois, la famille magogoise appelée « Les Passagers » parcourra des milliers de kilomètres à bord de leur nouvelle « maison » sur roues. (Photo gracieuseté – Les Passagers)
Presque un accident, suivi d’une fracture
D’ailleurs, la famille n’a pas été épargnée par les mésaventures jusqu’à présent. Après avoir subi des dommages superficiels sur leur véhicule, à la suite d’un chargement qui s’est déversé devant leurs yeux sur l’autoroute, ils se sont retrouvés quelques jours après dans un centre hospitalier américain pour une urgence. «J’étais en train de préparer le souper, dans un camping, lorsque ma fille est tombée d’un module de jeu et s’est mise à crier au meurtre. J’ai fait un peu de déni, en espérant qu’elle exagérait, mais finalement, on a dû tout démonter et ranger pour trouver l’hôpital le plus près. Résultat, des microfractures à un bras. Ce n’est pas le genre d’histoire que l’on se souhaite en partant, mais au moins, tout s’est fait très rapidement à l’hôpital. On est loin de nos urgences au Québec!»
«Ma fille en a pour quelques semaines avec une attelle. Elle a donc a besoin d’aide pour tout et conséquemment, moi et mon fils devons en prendre plus sur nos épaules. Et c’est remarquable de le voir aller. Édouard, ce n’est pas un leader naturel et dans le confort de notre maison, je ne suis pas certaine qu’il aurait réagi ainsi. Là, même s’il n’a pas vraiment le choix, il le fait avec une bonne attitude et une belle maturité. C’est dans ce genre de moment que l’on voit comment les voyages peuvent être très formateurs.»
Créer sa chance et en profiter
Malgré tout le stress causé par de telles péripéties, Roxann Malbeuf est bien loin du découragement. Au contraire, elle s’était préparée à devoir déroger, parfois, de son plan de match. Son truc? Toujours trouver du positif en gardant le «focus» sur la route qui se dessine devant elle, et non sur celle du passé.
Surtout qu’elle est bien consciente qu’un périple du genre n’arrive pas souvent au cours d’une existence. «C’est vrai que je suis chanceuse, mais ce voyage, je l’ai travaillé et ça m’a pris beaucoup de discipline au quotidien pour y arriver. Et j’ai envie de montrer aux autres que ce n’est pas parce que tu es une mère seule, séparée, que t’es obligée d’être en boule dans ton 3 1/2 en train de pleurer. Tu peux te permettre de rêver et même de rêver grand. L’important, c’est d’y croire, tout en gardant les deux pieds sur terre. Car ultimement, bien plus que l’argent, ce sont les petits bonheurs du quotidien qui donnent le plus de sens à tout ce que l’on vit.»
Pour ceux qui le souhaitent, il est possible de suivre leurs aventures, baptisées «Les Passagers», sur le site Internet www.lespassagers.ca ou encore sur les médias sociaux.