Une médecin s’excuse auprès de ses patients magogois

SANTÉ. À l’aube de la retraite, la docteure Marie Sauvé lance un cri du coeur, qu’elle compare à une lettre d’excuses adressée à ses nombreux patients.

Cette médecin en chirurgie générale depuis 22 ans à l’hôpital de Magog explique ses regrets par l’impossibilité de respecter ses engagements. Selon elle, la gestion régionalisée du CIUSSS de l’Estrie-CHUS fait réduire ses heures consacrées à ses interventions réalisées dans les salles d’opération de Magog. 

Ces modifications génèrent, toujours selon Mme Sauvé, une diminution de la qualité des soins offerts, plus particulièrement le volet humain. «Toute ma carrière, j’ai priorisé des services personnalisés rendus entre deux et trois mois, observe-t-elle. Aujourd’hui, le temps et la gestion ont changé, provoquant ainsi des attentes de plus d’un an.»

Dre Sauvé soutient que le CIUSSS de l’Estrie s’empare des deux salles d’opération de l’hôpital au profit des médecins et des Sherbrookois. «Nos plateaux techniques sont sous-utilisés par les Magogois, mais maximisés par les patients de la vaste région estrienne», déplore-t-elle.

À ses dires, les Magogois en souffrent, car 55 chirurgiens de Sherbrooke viennent à Magog pour faire des interventions principalement auprès de leurs patients sherbrookois. «Je me retrouve à opérer moins d’une fois par mois, comparativement à une journée par semaine auparavant, poursuit-elle. Il m’est donc impossible de rendre le service dans un délai raisonnable, ce qui provoque beaucoup de frustration de toutes parts.»

Marie Sauvé quittera avec amertume le bloc opératoire à partir de janvier prochain. Une retraite définitive est prévue d’ici quelques années à peine, le temps de compléter le traitement de tous ses dossiers. «On ne me remplacera pas quand je vais me retirer, s’inquiète-t-elle. On va tout simplement ajouter un médecin de Sherbrooke qui priorisera les Sherbrookois plutôt que les Magogois. C’est inéquitable, surtout que l’horaire semble favoriser les spécialistes ayant une longue liste d’attente au lieu des cas plus urgents.»

« L’hôpital de Magog n’est plus comme avant, ayant principalement perdu les soins personnalisés qu’il offrait depuis plusieurs années, termine-t-elle. Tout a basculé lorsqu’on nous a enlevés notre gestion locale à l’interne. »

Après avoir consacré sa vie aux Magogois, Dre Sauvé trouve désolant de quitter bientôt un centre hospitalier qui a «perdu des plumes et qui est devenu une annexe des hôpitaux sherbrookois».