Une intervention citoyenne irrite la mairesse Pelletier

AFFAIRES MUNICIPALES. La mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, s’est impatientée en une rare occasion en écoutant les commentaires du citoyen Alain Albert, lors de la séance publique du conseil municipal, le 2 décembre dernier.

Le nombre croissant d’employés et l’augmentation de la masse salariale de la Ville étaient au coeur d’échanges musclés, qui se sont déroulés durant la période de questions.

M. Albert a piqué au vif la première magistrate en émettant des réserves sur la taille de l’Hôtel de Ville. Il a notamment cité une récente chronique de Francis Vailles, de La Presse +. Ce dernier disait que le secteur municipal de la province vivait sur une «autre planète» en matière de rémunération. Selon le chroniqueur, l’écart avec les autres secteurs publics québécois (universités, gouvernements) en matière salariale se chiffrait à 28%.

En analysant le plus récent Plan de main-d’oeuvre 2025, M. Albert estime que le conseil pourrait faire des efforts pour se distancier de ces statistiques. Depuis l’arrivée de Mme Pelletier à la mairie en 2021, le nombre d’employés a augmenté de 9%. Il juge cette proportion trop élevée, car le nombre de salariés est passé de 303 à 326.

Le citoyen Albert aimerait aussi que les élus freinent la courbe ascendante de la rémunération de tous les salariés municipaux. Selon ses calculs, sur une période de trois ans, l’augmentation s’élève à 25% depuis 2022, atteignant 36,7 millions de dollars en 2025. 

Il s’interroge aussi sur le nombre de gestionnaires à l’Hôtel de Ville. «Un cadre pour huit employés, c’est beaucoup plus que dans le privé, s’étonne-t-il. Peut-on faire mieux?»

La mairesse Pelletier a exprimé son scepticisme sur quelques calculs mentionnés par les citoyens. Le directeur général Jean-François D’Amours a cependant presque corroboré l’augmentation d’environ 25% de la masse salariale depuis trois ans, tel qu’indiqué par M. Albert. M. D’Amours a précisé que cette somme totale est passée de 25,2 M$ à 36,7 M$ entre 2019 et 2025, ce qui représente une hausse d’environ 46% sur 6 ans.

LA MAIRESSE N’APPRÉCIE GUÈRE

Nathalie Pelletier n’a guère apprécié la direction que prenaient les échanges. Elle a d’abord calmement expliqué que les comparaisons avec d’autres Villes étaient compliquées et pas toujours fiables. Selon elle, la pénurie de main-d’oeuvre et la difficulté de recrutement contribuent aussi la croissance des salaires totaux. «On doit aussi respecter de nombreux critères du gouvernement, tout en améliorant sans cesse notre efficience, ajoute-t-elle. Je vous assure qu’on surveille chacune des dépenses, voilà pourquoi je déplore qu’on nous critique avec de petits détails.»

M. Albert est revenu au micro pour dire qu’il souhaite simplement vérifier et limiter des dépenses. Il a trouvé la mairesse «susceptible» lorsqu’elle l’a coupé pendant son allocution. Elle lui a répliqué de se présenter aux prochaines élections s’il était mécontent de la gestion des deniers publics. «On s’améliore sans cesse, mais ça prend du monde pour optimiser nos services, insiste-t-elle. Nous sommes en très bonne santé financière et je crois que notre gestion rassure la majorité des citoyens.»

À la fin de l’assemblée, le conseiller Sébastien Bélair a prévenu les citoyens qui proposent une compression de personnel. «On devra réduire nos services si on coupe des gens», signale-t-il. M. Albert propose plutôt une réaliser une étude pour optimiser les ressources, et sans réduire les services à la population.

Mme Pelletier ne regrettait aucunement ses paroles au lendemain de la séance. «Je défendrai toujours notre organisation, surtout lorsqu’on émet des critiques non constructives sur un ton suspicieux, annonce-t-elle. Je ne tolère pas ça, surtout qu’on fait du bon boulot.»

Malgré cet épisode, la mairesse Pelletier ne souhaite pas recourir à une disposition de la Loi 57, qui autorise les élus municipaux à muscler ses règlements contre les incivilités. Certaines villes songent à imposer des amendes à des citoyens qui dépassent les bornes, mais Magog n’envisage pas emprunter cette voie.

DES CHIFFRES VÉRIFIÉS

La directrice des ressources humaines, Julie Jutras, explique la courbe ascendante de la rémunération totale par les hausses annuelles de la rémunération prévues à la convention collective des syndiqués (3% par année) et le changement des échelons salariaux (2,5% par année) pour les employés qui cumulent de plus en plus d’années d’ancienneté. «Notre masse salariale a bel et bien augmenté de 46% sur 6 ans, ce qui représente une moyenne annuelle de 6,5%. On se compare à d’autres villes similaires», indique-t-elle.

Par contre, elle tient à rectifier des chiffres avancés par des citoyens. Selon elle, le ratio des 44 gestionnaires est de 1 cadre pour 15 employés, et non pas de 1 pour 8. Mme Jutras recommande d’utiliser le nombre total de salariés (673 personnes à temps partiel et complet) plutôt que le nombre de postes équivalents à temps plein (326) pour calculer cette proportion.

FAITS SAILLANTS DU PLAN DE MAIN-D’OEUVRE

  • Ajout de quatre postes permanents et cinq postes temporaires deviendront permanents.
  • Ces embauches représentent 266 000 $, ce qui porte à 32,57% le ratio de la masse salariale sur le budget total de la Ville. 
  • Ce 32,57% se situe sous la valeur médiane de 35 villes comparables au Québec.
  • Le nombre de postes à temps plein passe de 318 à 326 depuis trois ans.
  • La masse salariale augmente de 5 M$ depuis trois ans, totalisant 36,7 M$.