Un terrain de tennis intérieur tombe à l’eau à Georgeville

GEORGEVILLE. Les élus du Canton de Stanstead ont rejeté le projet de l’ancien président de Power Corporation, Paul Desmarais Junior, qui souhaitait construire une vaste demeure, incluant un terrain de tennis intérieur, sur l’une de ses propriétés situées sur les rives du lac Memphrémagog, à Georgeville.

En décembre dernier, les conseillers municipaux ont voté à cinq contre un pour bloquer l’érection d’un bâtiment de 1111 mètres carrés (12 000 pieds carrés). C’est ce que le Journal de Montréal rapportait le 27 janvier.

En entrevue avec Le Reflet du Lac, le maire Pierre Martineau précise que M. Desmarais aurait pu réaliser son projet sans l’autorisation des élus, si le chantier s’activait dans les champs et sans couper d’arbres. «Souhaitant plutôt construire dans un endroit où la grande maison et l’annexe de tennis ne seraient pas visibles du chemin de Georgeville, M. Desmarais a ciblé une zone plus isolée et boisée», explique-t-il.

Au nom de M. Desmarais, des architectes inscrits au registre des lobbyistes ont déposé une demande de dérogation mineure afin d’amorcer un processus de modification réglementaire. Le Comité consultatif en urbanisme (CCU) avait entériné ce projet, sous condition de replanter des arbres.

UNE COUPE D’ARBRES TROP IMPORTANTE

Le conseil municipal a toutefois décliné cette recommandation, jugeant la coupe du couvert forestier trop importante. Selon le premier magistrat, l’abattage ciblait une superficie de 2500 mètres carrés (27 000 pieds carrés), principalement composée d’arbres matures. «On a refusé, car on ne pouvait remplacer adéquatement les cèdres de 75 ans avec des petits arbres», précise M. Martineau.

La résolution indique que la demande de déboisement couvrait une superficie plus importante que ce qui est autorisé. 

Le conseil considère aussi que le projet proposé ne respecte pas certains objectifs du Plan d’urbanisme de la Municipalité, comme la destruction de boisé mature qui n’assure pas le maintien du couvert forestier.

Toujours selon les élus, l’implantation d’une activité humaine avec une forte présence (maison avec tennis intérieur) dans une aire de confinement du cerf de Virginie n’atteint pas l’objectif de préserver les milieux sensibles ou fragiles.

«Attendu que le projet se localise en Paysage naturel d’intérêt supérieur et dans une Aire de confinement du cerf de Virginie, le conseil considère que le projet ne rencontre pas le critère relatif à une occupation du sol soumise à des contraintes particulières et que cette implantation peut ainsi porter atteinte à la qualité de l’environnement ou du bien-être général», lit-on dans la résolution.

Pierre Martineau admet qu’il s’agit de la décision la plus difficile à prendre depuis son arrivée à la mairie. «Nous avons longuement hésité, car M. Desmarais tenait à camoufler son bâtiment. Il ne souhaitait pas abîmer le paysage, mais l’abattage de 2500 mètres carrés d’arbres matures a fait pencher la balance du côté du refus», termine-t-il.

Le terrain ciblé par M. Desmarais est situé près du village de Georgeville. Cette propriété de 50 000 mètres carrés n’a aucun bâtiment, mais elle possède une valeur de 5,3 millions de dollars sur le rôle d’évaluation foncière de la Municipalité.