Un grue qui soulève bien des questions au centre-ville de Magog
PRÉVENTION. L’arrivée de l’immense grue au centre-ville de Magog n’a pas seulement attiré l’attention de la population au cours des dernières semaines. Les pompiers du Service de sécurité incendie de Magog y ont aussi jeté un œil de près, question de savoir quoi faire si une urgence se produisait au sommet de la structure.
Comme l’explique l’assistant directeur chez les pompiers de Magog, Daniel Comeau, c’est la première fois qu’une grue de ce type est utilisée sur un chantier de construction en sol magogois. Si ce genre d’appareil fait partie du paysage des grandes métropoles comme Montréal, il en est tout autre dans une région comme Memphrémagog.
« C’est une première pour tout le monde, autant pour les citoyens que pour nous, les services d’urgence. Alors, comme bien des gens, on s’est posé plusieurs questions, mais de notre côté, c’était surtout d’un point de vue intervention. »
Daniel Comeau rappelle qu’il est du devoir de l’organisation de se préparer à faire face à toutes éventualités. Ainsi, récemment, ils ont effectué une visite préventive sur le site en question, sur la rue Principale Ouest.
Ils ont notamment visité la structure jusqu’au sommet, à 150 pieds du sol, où ils ont discuté avec l’opérateur aux commandes de l’appareil et bien visualisé l’éventuelle marche à suivre, advenant un appel d’urgence. « Ce qui nous a surpris, d’abord, est le fait qu’il est possible de monter jusqu’à la cabine du haut, sans harnais, en utilisant simplement des échelles séparées par des paliers. Au sommet, au niveau du bras qui soulève les charges, c’est toutefois différent. La partie arrière est protégée de toute possibilité de chute, mais pour accéder à l’avant, il faut s’attacher», décrit Daniel Comeau.
Ainsi, dans un scénario où le travailleur aux commandes de la grue serait victime d’un malaise sérieux, comme un arrêt cardio-respiratoire, les services d’urgence seraient en mesure de lui prodiguer les premiers soins assez rapidement. « À mon avis, on serait capable d’offrir des soins au sommet de la grue dans des délais similaires à un citoyen qui nous appelle de sa maison. Deux pompiers pourraient accéder à la victime assez rapidement. Mais la complexité serait ensuite de l’évacuer pour la ramener en bas », constate M. Comeau.
L’assitant directeur au Service de sécurité incendie de Magog, Daniel Comeau. (Photo Le Reflet du Lac – Pierre-Olivier Girard)
Des confrères de Sherbrooke à la rescousse
Ce dernier explique que la section où se trouvent les échelles est trop étroite pour être en mesure de redescendre une personne, qui serait immobilisée sur une civière d’urgence.
Ainsi, le seul moyen serait de la sortir par l’extérieur à l’aide de cordages. « Dans ce scénario, l’évacuation se ferait par nos confrères du Service de protection contre les incendies de Sherbrooke, qui sont spécialisés dans les sauvetages en hauteur. On ferait appel aussi à leurs services si, par exemple, une personne effectuait une chute du bras mécanique et se retrouvait suspendue dans le vide, grâce à son harnais. Ça fait partie des scénarios les complexes qui pourraient arriver. »
Chose certaine, même si les probabilités sont faibles qu’un événement d’urgence se produise, l’assistant directeur voit d’un bon œil le fait que les pompiers soient exposés à de nouvelles réalités. « C’est un savoir de plus dans notre coffre à outils. C’est un peu la même chose lorsque M. L’Espérance a mis son bateau Le Grand Cru à l’eau. On avait fait une visite et imaginé différents scénarios, car c’était la première fois qu’on avait une embarcation de cette taille sur le Memphré. »
« Évidemment, comme intervenant, je ne suis pas garant du résultat lorsqu’on porte secours à une personne en situation critique. Mais j’ai une obligation des moyens pour lui offrir les meilleurs soins et les meilleures chances de s’en sortir. Et c’est exactement cette vision qui guide notre travail au quotidien », conclut Daniel Comeau.
Rappelons que la grue est utilisée sur le chantier du Ralph Espace Condos, qui abritera 40 unités locatives longue durée et deux commerces, dont une microbrasserie. Le projet est évalué à plus de 20 M$.