Un ex-psychologue devenu employé vedette au McDonald’s

TÉMOIGNAGE. Malgré de hautes études universitaires et une carrière comme psychologue à Montréal, c’est plutôt dans une chaîne de restauration rapide de Magog que Martin Rouleau a trouvé un nouveau sens à sa vie, lui qui essaie maintenant d’aider les gens en leur servant leurs repas avec une dose d’amour et de bienveillance.

L’histoire de cet homme coloré est tout sauf banale et, assurément, son arrivée au McDonald’s de Magog à l’été 2023 n’est pas passée inaperçue.

Tout récemment, une vague de reconnaissance a déferlé sur les médias sociaux à son égard. À la suite d’une remarque positive publiée sur une page «Spotted», plusieurs internautes ont ensuite renchéri à coups de compliments et d’éloges en racontant, à leur tour, leur expérience avec cet employé devenu la «saveur» du jour. 

« Je ne suis pas sur les médias sociaux, alors c’est ma gérante qui m’a informé de ce qui se passait, raconte Martin Rouleau. Évidemment, ça me touche énormément. Mais je ne suis pas surpris, en ce sens que des témoignages de la sorte, ça fait pratiquement partie de mon quotidien et c’est justement ce qui donne un sens à ma vie. J’ai toujours été animé par le désir de faire une différence et c’est ce qui me motive à rentrer au travail, chaque matin. »

Pourtant, rien ne laissait présager que ce doctorant en psychologie allait se retrouver, un jour, derrière le comptoir d’un restaurant rapide au début de sa cinquantaine. Ayant fait des études universitaires qui l’ont conduit jusqu’à Paris, Martin Rouleau a ensuite fait carrière comme psychologue à Montréal. 

C’était une façon pour lui d’aider le monde avec bonté et sans jugement. « J’ai toujours été animé par la foi et des valeurs profondes d’amour envers les autres. J’ai même déjà pensé être prêtre, mais je n’étais pas prêt à faire les sacrifices personnels nécessaires. Je suis donc devenu psychologue, qui est en quelque sorte le curé des temps modernes. »

Une révélation après la descente aux enfers 

Toutefois, sa vie a complètement déraillé en 2016 en raison d’une série d’événements personnels et professionnels. Il s’est retrouvé dans les bas-fonds où son quotidien était une lutte sur tous les fronts. « Disons que j’ai mangé mes bas et j’ai compris c’était quoi crever de faim. Une fois, en plein décembre, je me souviens comme hier d’un monsieur qui remplissait les machines distributrices et qui m’a donné un sac plein de nourriture. Cette personne-là, elle m’a littéralement sauvé la vie. Alors, quand je donne de la bouffe à quelqu’un, je sais le plaisir que je lui offre et moi, ce plaisir d’aider et d’aimer les autres, c’est ce qui me nourrit », partage l’employé, avec une voix empreinte d’émotions.

Dans ce processus de guérison, Martin Rouleau est retourné dans ses terres natales de Windsor, où il a entrepris un projet d’écriture pour faire, en quelque sorte, la paix avec son passé.

En parallèle, tous les week-ends, il se rendait « religieusement » à Magog, où il marchait de longues heures pour méditer. « C’était comme un lieu de pèlerinage et sur mon parcours, je croisais toujours le McDonald’s. Comme j’avais déjà pensé devenir serveur, mais que je n’avais aucune expérience, je me suis dit que ça pourrait peut-être une façon de commencer dans le domaine. Et dès mon embauche, ç’a été une révélation, rien de moins! », raconte-t-il.

Se faire du bien en aimant les autres

Depuis, au-delà des tâches régulières, Martin Rouleau essaie de faire une différence dans la vie de ceux qui croisent son chemin, que ce soit envers ses collègues de travail par son énergie contagieuse et son soutien moral, ou encore au service au volant, où ses envolées oratoires sont devenues pratiquement légendaires.

« Même si ce n’est pas toujours facile, j’essaie de faire sourire les clients et de leur faire du bien, le peu de temps que je suis avec eux. On ne s’imagine pas à quel point il y a des gens seuls, pour qui, ce petit instant de bonheur fait une différence dans leur journée. Pour certains, c’est en venant chercher leur café tous les jours qu’ils retrouvent ce sentiment de se sentir apprécié et considéré. Si tout le monde prenait le temps de s’aimer, la vie serait tellement plus belle », partage le principal intéressé.

Martin Rouleau est reconnu pour ses envolées oratoires au service au volant du restaurant. (Photo Le Reflet du Lac – Pierre-Olivier Girard)

Ce qu’ils ont dit sur les médias sociaux

«C’est vrai qu’il est gentil cet homme-là. Ça fait du bien dans ce monde cruel et très froid d’en croiser des comme lui. Sa joie est contagieuse.» – Mąriẹ-Michẹllẹ B.N.

«Tout le monde l’adore et toujours prêt à aider ses collègues chaque fois que j’y vais. Service à la clientèle impeccable et souriant.» – Michel Desrosiers

«J’ai tout de suite remarqué son positivisme et sa bonne humeur contagieuse. Un rayon de soleil! Le respect du client avec la gentillesse! Ça se perd un peu avec les nouvelles générations malheureusement!» – Isabelle Rochon

«Quand on y va, mon fils me dit toujours maman, c’est le monsieur «full» gentil.» – Stéphanie Lalumière

«Dès sa première entrevue, Martin avait une épatante énergie et un bagage de vie incroyable. Il est un employé extraordinaire. Pour plusieurs raisons, il donne un service extraordinaire pour chacun des clients qui passe et aussi pour ses collègues. Il a un contact facile avec l’équipe sans se soucier de la différence d’âge.»  – Mireille Simonneau, gérante du McDonald’s de Magog