Personnalités 2024: Margot Heyerhoff, l’amoureuse des arts et de l’environnement

PERSONNALITÉ. Margot Graham Heyerhoff défend la culture et la protection de l’environnement depuis une vingtaine d’années dans la Vallée Massawippi. Discrète et humble sur ses engagements et ses réalisations, elle est néanmoins très fière d’avoir reçu un doctorat honorifique en droit civil de l’Université Bishop’s en 2023 et, plus récemment, le prix  » Community Award 2024  » des mains de la Fondation Santé Vallée de la Massawippi.

Le titre  » honoris causa  » lui a été attribué en reconnaissance de son action  » infatigable, altruiste et inestimable en faveur de sa communauté, de l’art, de l’alphabétisation et de l’environnement « .

Quant à l’organisme qui gère une clinique médicale communautaire à Ayer’s Cliff, il a tenu à souligner la contribution de Mme Heyerhoff à la préservation des écosystèmes et pour son soutien aux soins de santé dans la communauté.

Et ce ne sont pas ses 72 ans qui vont l’arrêter de s’impliquer dans les causes qui lui tiennent à cœur. Elle additionne les mandats à la présidence de la Bibliothèque de North Hatley depuis 2004. C’est elle qui possède le plus d’ancienneté à ce poste depuis l’ouverture de cette maison de livres, il y a 128 ans.

Elle dirige également la galerie d’art Gillygooly depuis deux décennies sur sa vaste propriété du chemin Hatley Centre, au Canton de Hatley. Mme Heyerhoff présente des expositions et des spectacles musicaux dans son ancienne grange transformée en refuge pour les artistes. Certains séjournent des semaines chez elle, le temps de s’inspirer des paysages et de la galerie pour créer des œuvres. Mme Heyerhoff est elle-même artiste-peintre et y présente ses projets personnels occasionnellement. Elle collectionne également les œuvres d’art.

Gillygooly est un organisme sans but lucratif. On y tient aussi des expositions historiques et architecturales, des lancements de livres et des événements de collecte de fonds.  » Ce bâtiment était délabré et presque voué à la démolition, se rappelle-t-elle. Il avait toutefois une âme et nous l’avons mis en valeur. « 

L’ENVIRONNEMENT AU COEUR DE SES ACTIONS

Elle doit à son regretté conjoint Peter Heyerhoff le désir de protéger l’environnement. Il était un passionné d’agriculture biologique et durable, même avant l’acquisition de la propriété du Canton de Hatley en 2000. Le couple a converti ses terres en une ferme biologique certifiée. Malgré le décès de son conjoint en 2020, Mme Heyerhoff poursuit l’œuvre de son mari en cultivant du  » blé d’hiver  » et d’autres céréales biologiques.  » Mon blé se trouve notamment dans le pain de la boulangerie O’Terroir de Coaticook et de Sherbrooke « , se réjouit-elle.

Fraîchement arrivée de l’Ontario avec son conjoint Peter et deux adolescents, Margot Heyerhoff s’est rapidement intégrée et implantée dans la communauté. On l’a donc recrutée en 2010 pour démarrer la Fondation Massawippi et la Fiducie de conservation du même nom, en compagnie de quelques amis et collègues. 

15 ans plus tard, elle préside la Fondation Massawippi qui gère notamment les Sentiers Massawippi (Saint-Catherine-de-Hatley) et le parc Scowen (North Hatley). L’organisation pilote aussi une mise en valeur du parc des Chutes-Burroughs en collaboration avec Corridor appalachien et la Municipalité de Stanstead-Est.

S’ajoutera bientôt la gestion des 20 kilomètres de Sentier nature Tomifobia, entre Ayer’s Cliff et Stanstead.  » On prendra le relais de cette organisation, qui a fait un excellent travail pour conserver ce milieu vierge depuis si longtemps « , poursuit-elle.

Margot Heyerhoff. (Photo Le Reflet du Lac – Dany Jacques)

À la Fiducie de conservation, son équipe a réussi à protéger à perpétuité 1370 acres de terrain, jusqu’à maintenant. La superficie de ces milieux naturels devrait doubler d’ici 2026. La valeur de ces propriétés totalisera environ 15 millions de dollars d’ici deux ans.  » On a eu besoin de quelques millions provenant de donateurs pour acheter des terrains, mais quelques propriétaires ont aussi donné des portions de terres, explique-t-elle. Il faut parfois faire vite, car un propriétaire nous a accordé seulement six mois pour trouver 1,2 M$, mais on a réussi. « 

Cette collecte de fonds a permis de stopper un développement immobilier d’une vingtaine de lots à Sainte-Catherine-de-Hatley.  » Nous en sommes fiers, mais notre priorité est de préserver des zones sensibles et de riches écosystèmes, tout en les rendant accessibles au public pour la randonnée pédestre, précise-t-elle. Nos espaces accueillent aussi des jeunes élèves qui s’initient à l’écologie et des universitaires qui peaufinent leur profession. « 

Mme Heyerhoff prêche d’ailleurs par l’exemple. Elle est actuellement en processus pour signer une servitude de protection sur sa propre terre forestière et agricole. Aucun développement ni pratique agricole non environnementale ne seront acceptés sur ses presque 400 acres de terrain.

En témoignage de sa réputation, elle a partagé son expérience et l’histoire de la Fondation Massawippi lors de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité biologique (COP 15), qui se tenait à Montréal en 2022.  » C’était stressant de parler devant tous ces experts provenant des quatre coins du globe, avoue-t-elle. Nous sommes peut-être devenus une référence, mais c’est grâce à un grand travail d’équipe», conclut-elle en ayant une bonne pensée pour tous ses collaborateurs et généreux donateurs.

Qui est Margot Heyerhoff?

  • Née à Montréal en 1952.
  • Elle a étudié au secondaire au King’s Hall de Compton.
  • Elle a fréquenté brièvement l’école Bishop’s College.
  • Première directrice du développement à Bishop’s College.
  • Elle a étudié le design d’intérieur à New York.
  • Elle a rencontré son conjoint en Ontario et a vécu plusieurs années à Oakville.
  • La famille Heyerhoff s’est installée au Canton de Hatley en 2002
  • Son mari Peter est décédé de la maladie de Parkinson en 2020.
  • La plage Ethan, accessible via les Sentiers Massawippi, porte le nom de son petit-fils.