Manque de pharmaciens : une situation alarmante dans les hôpitaux estriens

SANTÉ. Selon ce que rapporte l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (A.P.E.S.), le manque criant de pharmaciens dans les hôpitaux de la province, incluant ceux de l’Estrie, nuit considérablement aux soins de santé.

L’A.P.E.S. dénonce l’inaction du gouvernement de François Legault dans ce dossier, insistant que cette pénurie de pharmaciens nuit à l’offre de soins pharmaceutiques et à l’usage optimal des médicaments, en plus de priver le réseau de professionnels en mesure d’améliorer l’accès aux soins de santé.

Selon ce que rapporte l’association dans une enquête réalisée entre le 1er avril 2023 et le 31 mars 2024, en Estrie seulement, 43 % des besoins en pharmaciens pour prodiguer des soins pharmaceutiques dans les urgences sont non comblés. De plus, 40 % des besoins en pharmaciens pour donner des soins pharmaceutiques sont non couverts aux unités de soins intensifs et coronariens, un secteur nécessitant l’expertise du pharmacien pour l’usage de médicaments complexes. Finalement, en dialyse rénale, on parle de 97 % des besoins pour ces professionnels sont non comblés.

« Les chiffres sont alarmants, et ce, partout au Québec. Si le gouvernement continue d’ignorer les solutions que nous proposons et celles pouvant résulter de la négociation, la situation ne s’améliorera pas, au détriment des patients et des soins. Le manque de pharmaciens contribue au temps d’attente lors des consultations à l’urgence et dans certaines cliniques ambulatoires, à la durée des hospitalisations, ainsi qu’aux risques d’incidents et d’accidents médicamenteux et d’effets indésirables liés aux médicaments », insiste la présidente de l’A.P.E.S., Julie Racicot, dans un communiqué transmis aux médias.

L’A.P.E.S. demande donc au gouvernement « d’entreprendre la négociation » afin de réponde à ce besoin toujours grandissant dans les établissements de santé québécois. Elle souhaite discuter de moyens d’attractivité et de rétention, notamment par rapport aux conditions de travail et la valorisation de la profession, mais réclame aussi au gouvernement de « travailler avec les facultés de pharmacie pour faciliter l’accès au programme de maîtrise en pharmacothérapie avancée (nécessaire pour pratiquer dans les hôpitaux), particulièrement en région. »

« Les pharmaciens d’établissement, qui prennent en charge toutes les activités professionnelles liées à l’usage des médicaments, sont sans équivoque des acteurs essentiels du réseau de la santé. Afin d’offrir des soins de qualité et sécuritaires aux patients, les établissements de santé doivent être dotés des professionnels nécessaires. Dans ce contexte, la négociation menant au renouvellement de l’entente de travail des pharmaciens d’établissement doit commencer. Ces discussions permettront également d’améliorer l’accès aux soins et les soins eux-mêmes pour les nombreux patients qui, comme les pharmaciens d’établissement, n’en peuvent plus d’attendre. Les ministres Christian Dubé et Sonia LeBel doivent agir et donner les mandats à leurs représentants de négocier. Si le gouvernement ne bouge pas, nous n’aurons d’autres choix que d’entreprendre des actions », lance la directrice générale de l’A.P.E.S., Linda Vaillant.