Magog demande à Postes Canada de distribuer gratuitement les journaux locaux
PRESSE ÉCRITE. La Ville de Magog se joint au mouvement de soutien envers les médias locaux. À l’instar d’autres municipalités au Québec, les élus ont adopté une résolution, lundi soir (4 mars), demandant à Postes Canada de distribuer gratuitement les journaux locaux.
Cette proposition découle d’une suggestion lancée il y a quelques semaines par la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, qui demandait au gouvernement d’agir pour dénouer l’impasse dans la crise qui secoue le milieu des médias. Alors qu’elle dévoilait un vaste plan de valorisation des médias locaux, la mairesse Fournier a entre autres fait valoir l’idée d’offrir une distribution à coût nul des journaux par la poste.
Une piste de solution qui a trouvé écho jusqu’à Magog alors que les élus y ont donné leur appui à la majorité. «Les médias locaux traversent une crise sans précédent menaçant leur survie, notamment en raison de la chute brutale de leurs revenus publicitaires. Les municipalités, à titre de gouvernement de proximité, ont une responsabilité sociale de soutenir les médias locaux et de contribuer à leur rayonnement. Le journal Le Reflet du Lac est une source d’information importante pour les citoyennes et citoyens de Magog», lit-on notamment dans la résolution.
Pour expliquer l’urgence d’agir, les élus ont rappelé que Le Reflet du Lac cessera d’être distribué à toutes les portes à compter du 17 avril prochain puisque Publisac mettra fin à ses activités. «L’une des options actuelles, soit la distribution par Postes Canada à un taux dit «préférentiel», ne s’avère pas une solution viable pour les journaux, considérant que le coût de distribution représenterait de trois à quatre fois le tarif du Publisac, en plus d’entraîner une autre chute de revenus conséquente de la diminution du tirage. Postes Canada est une société d’État qui peut jouer un rôle social important à ce titre», est-il également indiqué dans la résolution.
Un grand pas en avant
Pour l’éditeur régional du Reflet du Lac, Gino Gaudreau, cet appui du conseil municipal est fort symbolique puisque Magog est l’une des premières municipalités au Québec, avec Longueuil, à lancer un message fort d’appui envers la presse locale.
Il espère que d’autres villes de la région et ailleurs dans la province emboîteront le pas pour envoyer un signal clair. «La crise qui secoue les médias à travers le pays n’épargne pas celui de la presse écrite. Il y a des journaux au Québec qui luttent actuellement pour leur survie. Heureusement, ce n’est pas le cas avec Le Reflet du Lac, qui est en bonne santé financière, mais les défis demeurent importants et sans le soutien des gouvernements et des communautés, il sera impossible de sortir indemne de la tempête qui s’abat sur notre industrie actuellement.»
Ce dernier rappelle d’ailleurs que les journaux locaux jouent un rôle fondamental dans la démocratie, en plus d’être, à bien des endroits, le seul média présent pour couvrir les activités d’une communauté. «Depuis les 36 dernières années, bien des histoires qui ont été écrites dans Le Reflet du Lac n’auraient jamais été connues du grand public, puisqu’elles n’auraient pas été traitées par d’autres médias à vocation plus régionale.»
«Le Reflet du Lac a ce rôle fondamental de mettre en lumière les gens d’ici et de contribuer, à sa façon, à créer un sentiment d’appartenance qui fait la force d’une communauté tissée serrée. Notre journal donne la voix aux oppositions, mobilise les gens autour d’une bonne cause, aide les organismes à se faire connaître, offre de la visibilité aux événements et bien plus. Imaginez le vide dans notre milieu si ce moyen de diffusion n’existait plus. Et pourtant, c’est ce qui risque de se passer à bien des endroits au Québec si rien ne bouge», craint l’éditeur régional.
S’il espère que la distribution gratuite du journal sera acceptée par Postes Canada, Gino Gaudreau assure d’ici là que tout sera mis en oeuvre pour que Le Reflet du Lac demeure le plus accessible possible après la fermeture du Publisac. «À l’heure actuelle, le plan de match est d’installer des points de dépôts aux quatre coins de la région, principalement dans les commerces de proximité. Ainsi, les lecteurs pourront récupérer facilement leur exemplaire, que ce soit en allant à la pharmacie, à l’épicerie ou au restaurant. Il y aura aussi des copies disponibles directement dans les résidences pour personnes aînées. Cette formule est testée depuis plusieurs mois à Sherbrooke, avec notre nouveau journal le Sherbrooke.info, et les résultats sont très positifs», soutient M. Gaudreau, en assurant que le journal restera toujours gratuit.