Les Aubaines en Folie: une fermeture en juin malgré une victoire en justice

AFFAIRES. Le commerce magogois Les Aubaines en Folie gagne son action en justice sur presque toute la ligne. La propriétaire de cette friperie située au 195, rue Principale Est, Julie Fontaine, devra néanmoins fermer les portes à la fin de son bail qui se termine le 30 juin prochain.

Le juge de la Cour supérieure, Sébastien Pierre-Roy, donne raison à Mme Fontaine dans son jugement rendu le 2 avril dernier. Cette femme d’affaires dénonçait les agissements de son propriétaire, l’entreprise B2GD, qui a tenté de l’expulser avant la fin de son bail pour y aménager trois logements.

Le juge Pierre-Roy déclare « nuls et sans effet » une modification de contrat ainsi que deux avis de résiliation s’étant déroulés entre les mois d’avril et octobre 2021.

La Société immobilière B2GD est condamnée à verser 16 000 $ à Mme Fontaine à titre de perte de revenus et dommages-intérêts.

Le tribunal rejette, par contre, sa réclamation pour le remboursement des honoraires extrajudiciaires (30 000 $), même si le jugement « décrit l’abus et la mauvaise foi » de B2GD à l’égard de Mme Fontaine. « Ce comportement, aussi choquant soit-il, ne justifie pas une condamnation au remboursement des honoraires encourus par Mme Fontaine pour faire valoir ses droits. »

Le juge Pierre-Roy n’épargne pas les actionnaires de B2GD, en l’occurrence Guy-Mathieu Barriault, Michaël Perry-Dupuis, Charles-Benoît Giguère et Nicolas Plouffe-Deschamps, qui ont déjà rénové six autres logements dans ce bâtiment. « Selon les calculs de B2DG, l’expulsion des locataires et la réalisation des travaux permettent de doubler les loyers, voire tripler la valeur marchande de l’immeuble. Plutôt que de parler de « rénoviction », M. Barriault préfère l’euphémisme « projet d’optimisation », lit-on.

« Le comportement de B2GD représente un abus de droit », ajoute le juge de la Cour supérieure.

DÉNONCER UNE RÉNOVICTION

Julie Fontaine crie victoire même si elle perd de l’argent à la suite de cette aventure juridique.  Elle réclamait 50 000 $, mais elle reçoit plutôt une compensation de 16 000 $. « Je suis très contente de m’être tenue debout pour dénoncer cette rénoviction, affirme-t-elle. J’ai aussi réussi à empêcher mon expulsion et à faire respecter mon bail de cinq ans. »

Ce bail commercial vient d’ailleurs à échéance le 30 juin prochain. Contrairement à un bail locatif signé par des individus, les propriétaires ne sont pas soumis aux mêmes règles pour renouveler une entente avec une entreprise.

Mme Fontaine est toujours à la recherche d’une nouvelle adresse pour déménager son commerce actuellement logé au 195, rue Principale Est. Elle souhaite demeurer dans le quartier des Tisserands afin de desservir la même clientèle qui a grandement besoin d’acheter des article vitaux à peu de frais. Elle lance un appel à tous pour l’aider, tout en encourageant les gens à poursuivre les dons de vêtements et autres objets utiles. « Il y aura peut-être une période de transition, mais mon but est d’ouvrir ailleurs à Magog », assure-t-elle.