Le Cabaret Eastman se cherche un nouveau propriétaire « visionnaire »

DIVERTISSEMENT. Après une réflexion qui aura duré presque six ans, le propriétaire du Cabaret Eastman, Jean-Pierre Clairoux, s’est rendu à l’évidence. Même si sa tête déborde d’idées pour relancer sa salle de spectacle, qui est en arrêt depuis la pandémie, il n’a plus l’énergie nécessaire pour y parvenir.
C’est pour cette raison que l’homme d’affaires et ancien agent d’artistes a récemment mis en vente le vaste bâtiment commercial, situé au coin de la route 112 et du chemin George-Bonnallie. En plus de la salle de spectacle d’une capacité d’environ 200 places, on retrouve déjà à titre de locataires deux restaurants ainsi qu’un studio d’enregistrement.
« J’ai longuement réfléchi à trouver une façon de repartir la machine. Mais le fait de devoir recommencer pratiquement tout à zéro, avec la complexité de monter une programmation, c’était beaucoup de temps et de travail que je n’étais pas prêt à mettre. Je suis quand même rendu à 66 ans et on ne rajeunit pas. J’ai dû accepter de lâcher prise et de passer le flambeau d’un projet dans lequel j’ai consacré une grande partie de mon coeur », partage Jean-Pierre Clairoux.
Même si le prix de vente affiché à 2,75 M$ peut faire sursauter à première vue, le propriétaire est convaincu qu’une personne ayant les moyens financiers et de l’ambition peut non seulement redonner un second souffle à l’établissement, mais rentabiliser son investissement. « Juste de reconstruire le même bâtiment aujourd’hui, ça coûterait au moins 3,5 millions de dollars, et c’est sans compter la valeur du terrain en dessous. Tout est rendu démesuré. En affaires, tout se fait, il faut juste avoir l’énergie pour y parvenir », poursuit le principal intéressé.
Si toutes les offres sur la table seront considérées, Jean-Pierre Clairoux maintient que son souhait premier est de vendre son « bébé » à une personne qui compte rouvrir la salle de spectacle. D’ailleurs, dans l’annonce sur la plateforme Centris, il est bien indiqué que le Cabaret Eastman est à la recherche d’une propriétaire « visionnaire » pour redonner vie à ce lieu, qui est « prêt à retrouver sa voix ».
« On a tellement vécu de beaux moments et ce n’est pas pour rien que la salle jouit encore d’une excellente réputation. Quand je pense aux Diane Tell, Michel Pagliaro, Michel Rivard, Paul Piché et il y en a tellement d’autres, ce sont des moments uniques que nous avons vécus. Il y a une âme particulière entre les murs du cabaret, quelque chose de vraiment spécial, et il faut continuer de la faire vivre », raconte l’Eastmanois, tout en rappelant que l’établissement était autrefois une église.
Ayant ouvert ses portes en grande pompe en 2012, en présence de quelques artistes comme Mario Tessier, José Gaudet et Richard Turcotte, le Cabaret Eastman a frôlé le désastre alors qu’un incendie a ravagé une partie des installations flambant neuves. Des dommages évalués à 500 000 $ qui ont forcé l’arrêt des activités pendant quelques mois.
« Ça n’a pas été toujours facile, mais je me suis vraiment investi à fond dans ce projet. J’ai toujours été comme ça dans la vie. Quand j’ai une idée, j’y vais »all in« , sans trop réfléchir. J’ai toujours eu les yeux plus gros que la panse, comme on dit. Mais quand j’y repense, c’est vrai que c’était un gros risque, mais je l’ai fait et j’en suis fier. Et ce qui me motive à tourner la page, maintenant, c’est de pouvoir partir la tête haute avec le sentiment du devoir accompli », conclut Jean-Pierre Clairoux.
Jean-Pierre Clairoux avait fait les choses en grand pour inaugurer son Carabet Eastman, en 2012, en s’entourant d’artistes bien connus du grand public. (Photo Le Reflet du Lac – Archives/Pierre-Olivier Girard)