Éric G. Langlois a touché le fond du baril

TÉMOIGNAGE. Éric G. Langlois a profité de la « Nuit des sans-abri », le 20 octobre dernier au centre-ville de Magog, pour faire un « coming-out » financier et démontrer qu’il est possible de retrouver le chemin du bonheur, même après avoir touché le fond du baril.

Bien connu comme animateur, chanteur et directeur général de la Maison Merry, M. Langlois est aussi réputé pour sa jovialité, sa générosité et son entregent.

Mais il est également un père de famille et grand-père qui traversé de sombres épisodes, particulièrement lors d’une union houleuse suivie d’une séparation tout aussi douloureuse.

Ces tranches de vie, il en a parlé publiquement pour la première fois ce soir-là, dans l’espoir d’inspirer d’autres adultes à s’en sortir.

« Lorsque je me suis séparé de ma conjointe après une relation de 14 ans, je me suis retrouvé dans un petit appartement avec mes trois enfants et des revenus très modestes. Et comme j’avais laissé le char et les meubles à ma blonde, je n’avais pratiquement aucun bien », a-t-il raconté aux dizaines de personnes qui étaient réunies au parc des Braves pour cette activité annuelle de sensibilisation à la pauvreté.

« J’avais juste réussi à acheter un chien, qui me servait en quelque sorte de gardienne. Mes filles, qui étaient âgées de 7 à 12 ans à ce moment, ne voulaient surtout pas rester seules lorsque je m’absentais pour le travail. »

« Le coup le plus difficile à encaisser a probablement été la fois où je suis allé faire l’épicerie et qu’au moment de payer, ma carte de guichet ne fonctionnait plus. Quelqu’un avait accès à mon NIP et avait vidé mon compte bancaire, dit-il en serrant les dents. J’ai dû laisser mon panier de côté et appeler une amie, afin qu’elle vienne me sortir de ce pétrin. »

Des femmes en renfort

À plusieurs reprises, Éric G. Langlois cite en exemple les femmes de son entourage, qui lui ont permis de garder la tête hors de l’eau alors que les ressources pour les hommes en difficulté se faisaient rares, de son propre aveu. « J’avais la chance de pouvoir compter sur des amies de femmes qui savaient m’écouter et me donner un coup de main. Quand j’en parlais aux hommes autour de moi, ceux-ci étaient mal à l’aise et ignoraient comment m’aider », a-t-il constaté.

« J’ai aussi vécu avec une mère qui était folle du ménage et une grand-mère couturière. Lorsque je me suis retrouvé en appartement avec mes enfants, j’étais capable de garder le loyer propre et de réparer des vêtements brisés. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça m’a été utile. »

« D’ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi on n’enseignait pas ces choses à l’école. »

Ayant fait la paix avec son passé, Éric G. Langlois remercie le ciel d’avoir été si bien entouré durant les moments difficiles. Aujourd’hui, il peut se permettre de profiter pleinement de la présence de ses trois enfants (âgés entre 31 et 36 ans) et de ses sept petits-enfants, tout en ayant une vie de couple épanouie avec son conjoint Denis.

« Mon estime de soi a effectué tout un bond. Mais il ne faut pas croire que ça se fait du jour au lendemain; on doit y aller une étape à la fois. Et à tous les hommes qui ont décroché et qui ne voient pas la lumière au bout du tunnel, je vous souhaite de trouver un point positif auquel vous pourrez vous raccrocher », conclut-il.