Deux petits escargots exotiques menacent le lac Memphrémagog

ENVIRONNEMENT. Déjà aux prises avec la prolifération des moules zébrées, le lac Memphrémagog doit aussi combattre deux autres espèces exotiques envahissantes et tout aussi menaçantes.

Le groupe Memphrémagog Conservation Inc. (MCI) vient de publier un rapport évaluant l’abondance et la propagation des vivipares chinoise et géorgienne entre 2022 et 2024. Directrice générale de cette organisation environnementale, Ariane Orjikh se montre inquiète face à la croissance de ces petits escargots provenant pourtant du centre-est des États-Unis (géorgienne) ainsi que de l’est de la Russie et du sud-est de l’Asie (chinoise). Ces espèces auraient été introduites en Amérique du Nord par l’aquariophilie (élevage de poissons dans un aquarium).

«On a trouvé beaucoup de vivipares géorgiennes, mais il n’existe pas beaucoup d’études dans le monde pour nous comparer, observe Mme Orjikh. On attend l’opinion du ministère de l’Environnement pendant que ces espèces envahissantes risquent de poursuivre leur prolifération dans le Memphrémagog et aux autres lacs de la région, surtout si le lavage des embarcations est inadéquat.»

Un total de 37 680 vivipares géorgiennes ont été récoltées lors de l’étude. En 2024, elles occupaient la majorité des stations inventoriées aux quatre coins du lac Memphrémagog (94 %). Les abondances les plus élevées au lac Memphrémagog se situent à Ogden et les plus faibles à Magog.

Quant aux vivipares chinoises, seulement 972 individus ont été détectés et récoltés à un unique endroit, soit dans la baie Greene d’Austin. La présence de cet escargot exotique n’a donc été confirmée que dans 1 des 36 stations inventoriées.

Outre les quantités, la problématique s’explique par la présence accrue des vivipares géorgiennes dans plusieurs stations d’échantillonnage depuis trois ans. Aucune diminution n’a été constatée.

Ces deux escargots entraînent plusieurs répercussions sur l’écosystème aquatique des lacs. Ils peuvent attaquer les oeufs des poissons. Ils rivalisent avec les autres espèces pour les habitats et les ressources alimentaires. Ils peuvent obstruer les tuyaux de prises d’eau. Ils sont aussi susceptibles de transmettre des parasites à l’humain, causant potentiellement la dermatite du baigneur. Ce dernier risque n’est toutefois pas confirmé scientifiquement, aux dires de la biologiste Ariane Orjikh.

Le MCI recommande notamment la poursuite des mesures de contrôle et de suivi afin de limiter la propagation de ces deux escargots envahissants. S’ajoute un suivi plus précis sur leurs impacts sur l’écologie et les espèces aquatiques du lac Memphrémagog.

Un lavage efficace des embarcations avec de l’eau chaude sous haute pression avant et après chaque entrée dans un nouveau plan d’eau figure aussi dans les suggestions du MCI. «On se doit d’améliorer collectivement notre système de lavage des embarcations, plutôt que de voir des municipalités travailler chacune pour soi», propose Ariane Orjikh.

DATES IMPORTANTES AU MEMPHRÉ

  • 2012: Détection de la vivipare chinoise
  • 2018: Découverte de la moule zébrée
  • 2019: Localisation de la vivipare géorgienne