Des parents dénoncent le manque de places en garderie
FAMILLE. Une petite famille magogoise se heurte à des listes d’attente interminables afin de trouver une place en garderie pour leur fille de deux ans. Ces parents jugent cette situation inacceptable et demandent au ministère de la Famille de prendre des mesures pour augmenter la capacité des Centres de la petite enfance (CPE).
Vanessa Gauthier, son conjoint et la petite Louise interpellent les élus municipaux, le gouvernement du Québec et les organisations concernées pour que toutes les familles puissent recevoir un service de base comme celui de faire garder un enfant.
Cette mère est en colère. Sa fille est sur des listes depuis sa naissance. Louise est entre le 100e et le 200e rang en attente d’une place dans une installation associée à un CPE de la MRC de Memphrémagog. Des portes se ferment aussi en milieux familiaux subventionnés ou pas. Sans compter les quelques places en garderies privées qui coûtent entre 45 et 60 $ par jour, lorsque cette rare occasion se présente.
«C’est un non-sens et c’est complètement incompréhensible, déplore-t-elle. Même les intervenantes disent que c’est du jamais vu. À ce rythme, Louise n’y aura jamais accès avant de rentrer à l’école.»
Cette famille réclame une place en garderie afin d’améliorer la socialisation de l’enfant, qui aimerait jouer plus souvent avec des amis. Les parents souhaitent que Louise ait la même chance que la majorité des petits. Ils craignent un retard social, car le développement va de pair avec des contacts avec d’autres enfants.
Les impacts sur la famille commencent aussi à se faire sentir. Le conjoint s’occupe de sa fille depuis un an. Il passe du temps de qualité avec Louise, mais l’unique salaire provient de la maman. Elle travaille toutefois à la maison, ce qui n’est pas toujours facile avec un enfant de deux ans. Également étudiante au doctorat en relations industrielles, sa thèse n’avance guère depuis un an.
Les revenus sont donc moindres, ce qui freine un projet de construction de maison et le désir d’avoir un second enfant.
Vanessa Gauthier est consciente que sa démarche ne représentera peut-être qu’un coup d’épée dans l’eau. Elle sait aussi qu’il manque «cruellement» d’éducatrices. Elle trouvait néanmoins essentiel de lancer publiquement le débat pour faire bouger les choses. «Les écoles acceptent tous les élèves, alors pourquoi les CPE ne pourraient pas imiter les institutions scolaires, s’interroge-t-elle. De plus, les hausses de population sont prévisibles, on pourrait facilement s’adapter pour répondre à nos besoins familiaux fondamentaux auxquels les citoyens québécois sont en droit de s’attendre.»
Les parents se disent également consternés par l’état de quelques garderies en milieu familial. «Certaines d’entre elles qu’on a visitées, bien qu’elles soient accréditées par le gouvernement, offrent des conditions inacceptables comme des sous-sols insalubres, n’ont pas de fenêtre et ont des éducatrices désengagées, s’inquiète-t-elle. Je refuse que mon enfant fréquente ces endroits, car Louise mérite un environnement de garde sain et stimulant, comme tous les autres enfants.»
MANIFESTATION À QUÉBEC
Cette sortie publique de Vanessa Gauthier survient presque simultanément à une manifestation ayant eu lieu devant l’Assemblée nationale à Québec, dimanche dernier (2 juin). L’organisme Ma place au travail y réclamait pour une troisième année consécutive plus de places en milieu de garde, une meilleure qualité de ces milieux ainsi qu’une valorisation du travail d’éducatrice. De nombreuses mères exigent un retour au travail, qui est ralenti par la présence de 30 000 enfants sur une liste d’attente au Québec.