Des avocates mettent en garde les athlètes

ÉDUCATION. Dans la foulée des scandales sexuels qui ont frappé plusieurs organisations sportives au cours des dernières années, les joueurs des Cantonniers de Magog ont assisté à une toute nouvelle conférence portant sur le consentement et les différents enjeux liés aux réseaux sociaux, présentée par le Centre communautaire juridique de l’Estrie (CCJE).

Ce sont deux avocates spécialisées en droit de la jeunesse, en Annie-Pier Babineau et Karine Arseneault-Sirois, qui ont rencontré les hockeyeurs le 30 avril dernier pour leur faire part des gestes ou comportements qui pourraient entraîner des conséquences judiciaires. En plus d’évoquer certaines notions de base, les conférencières ont utilisé plusieurs exemples de situations réelles pour clarifier où se situe la limite à ne pas franchir.

« On est là pour vous empêcher de vous rendre à nos bureaux, en cas de problème, ou encore de passer dans le journal pour les mauvaises raisons », ont lancé d’entrée de jeu celles qui traitent au quotidien des dossiers juridiques impliquant des mineurs.

En utilisant un langage sans filtre, qui détonne des plaidoiries dans un palais de justice, les invitées ont mis en lumière différentes situations où des jeunes se retrouvent parfois au banc des accusés, que ce soit par un manque d’éducation ou une méconnaissance sur certains éléments de la loi. 

Entre autres, les avocates ont rappelé les risques de partager une photo intime de soi ou d’une autre personne sur des cellulaires ou encore des applications mobiles. « Dès qu’une photo est envoyée dans l’univers numérique, vous en perdez le contrôle. On a déjà eu affaire à une jeune fille, qui avait envoyé une photo osée à son amoureux. Mais la photo en question a fini pas être diffusée dans un party sur une télévision 55 pouces et maintenant, elle doit vivre avec ça pour le reste de ses jours. »

Il a aussi été question de complicité, notamment dans des histoires impliquant des gestes liés à la pornographie juvénile. Les avocates ont répété qu’une personne peut aussi être déclarée coupable, et ce, même si elle semble jouer un rôle secondaire dans une plainte formelle. « Si vous encouragez, aidez ou participez à une infraction criminelle, qu’elle soit à caractère sexuel ou non, vous pouvez être accusé et déclaré coupable. De filmer des personnes qui se battent en criant « Fesse-le », c’est de la complicité. De conserver une photo intime d’une personne donnée par un ami, c’est de la complicité. »

« Et dites-vous que tous les échanges numériques, ça laisse des traces, même après les avoir effacés, ont poursuivi les avocates. Les policiers sont capables de remonter bien loin sur les niaiseries qu’on peut avoir fait. »

On a aussi profité de l’occasion pour aborder le consentement et de l’importance de l’obtenir clairement avant de commettre quelconque geste envers une personne. « Le consentement, c’est de donner son accord volontaire à quelque chose, sans se sentir obligé de le faire. Et le consentement, il faut l’obtenir à toutes les étapes d’une relation. Ce n’est pas parce qu’une personne accepte de « frencher » qu’elle veut nécessairement avoir une relation sexuelle. Et si une personne ne dit rien ou qu’elle ne démontre aucun enthousiasme, ça veut dire non! », ont insisté les deux professionnelles, en rappelant que la communication est la clé pour éviter tout malentendu.

Notons que les avocates retourneront à La Ruche prochainement, cette fois-ci pour rencontrer les jeunes des Carnicas. Elles se rendront également dans d’autres établissements scolaires estriens au cours des prochains mois.