Des animaux décédés transformés en oeuvres d’art
NATURE. Consacrant sa vie depuis huit ans à soigner des animaux sauvages retrouvés blessés ou abandonnés, en vue de les remettre en liberté, la propriétaire du Refuge Lobadanaki, Anne-Marie Demers, a trouvé une façon bien à elle d’honorer ceux qui n’ont pu être sauvés, en utilisant les vestiges de leur carcasse pour créer des oeuvres d’art.
Que ce soit des crânes, fragments d’os, dents, griffes ou encore de la fourrure ou des plumes, sa matière première a de quoi faire sursauter les âmes plus sensibles. Mais tous ces éléments naturels ont été récupérés principalement sur sa propriété privée à Saint-Étienne-de-Bolton, où transitent plus de 600 animaux annuellement. Et ça ne tient pas compte des quelque 180 pensionnaires à temps plein qui ne peuvent être relâchés, pour différentes raisons, dans leur état sauvage.
La propriétaire transforme ainsi ces éléments en différents objets comme des couteaux, des bijoux, des bâtons de parole ou encore des plumes de fumigation pour la sauge. « Pour moi, c’est une façon d’honorer l’animal au complet en lui redonnant une seconde vie, en quelque sorte. Lorsque j’ai perdu ma renarde argentée, qui avait une fourrure magnifique, ça ne faisait aucun sens de ne rien faire avec. Ça m’a pris un an et demi à la tanner et j’ai braillé tout le long du processus. Mais au final, ça m’a permis de vivre mon deuil et de faire la paix avec sa mort », raconte Anne-Marie Demers.
La propriétaire du Refuge Lobadanaki, Anne-Marie Demers, utilise ses talents artistiques pour honorer la mémoire des animaux disparus et nourrir ceux toujours présents, comme cette louve âgée de 7 ans. (Photo tirée de Facebook – Refuge Lobadanaki)
Une source de revenu symbolique
Pour avoir participé à quelques marchés publics au fil des ans avec ses créations, Anne-Marie Demers avoue que certaines personnes réagissent négativement à la vue de son présentoir. Toutefois, après avoir partagé son processus de création, l’animosité laisse vite place à la compréhension et la contemplation.
D’autant plus que l’argent recueilli par la vente des objets sert à financer les activités du refuge, qui ne bénéficie d’aucune subvention gouvernementale. « Le financement est toujours un grand enjeu pour un organisme comme le nôtre, car les dépenses sont énormes. De toujours demander des dons aux gens, sans rien leur offrir en retour, c’est difficile. Alors, de vendre un objet significatif créé à la mémoire d’un animal décédé, pour que les sous recueillis servent à nourrir un autre animal et de poursuivre notre mission, ça fait beaucoup de sens. Ça me rend vraiment fière, car c’est tellement un beau cycle de la vie et une belle façon de boucler la boucle. »
Ses oeuvres d’art sont aussi disponibles directement au Refuge Lobadanaki, qui ouvre ses portes au grand public sur réservation. Ces visites guidées sont également une source de financement importante pour supporter les dépenses quotidiennes en nourriture et médicaments, mais aussi pour entretenir les infrastructures. « Juste en 2024, nous avons agrandi la section destinée aux volontaires, qui sont des gens de l’étranger qui hébergent ici en échange de travailler avec nous. De plus, on a construit un gros enclos aquatique pour la loutre et un autre pour des loups que nous avons récupérés d’un zoo. Il y a toujours quelque chose à faire, outre toutes les tâches du quotidien », conclut la principale intéressée, qui souligne la contribution inestimable de son conjoint et de son équipe dans tous ces projets.
Pour plus d’information sur le refuge, il suffit de consulter le www.refugelobadanaki.ca ou voir sa page Facebook.
Tous ces objets sont fabriqués à la main, à partir d’éléments retrouvés dans la nature ou provenant d’animaux qui n’ont pu être sauvés. (Photo tirée de Facebook – Refuge Lobadanaki)