Chronique historique: La passion du ring, premier round
Longtemps un des sports professionnels les plus populaires aux États-Unis, la boxe compte également des adeptes au Québec. C’est le cas à Magog depuis fort longtemps.
Par exemple, dans les années 1930, Eddy Rancourt était considéré comme le champion des Cantons-de-l’Est chez les amateurs. Sous la houlette de Steve Bankley, un club tient alors ses entraînements dans un local au-dessus du garage de la police, derrière la caserne de pompiers, près du parc des Braves. En 1938, quelques protégés tentent même leur chance aux Golden Gloves à Montréal : Lloyd Styan, Edward et Norman Connor, Mark Vaughan, Bob Malcolm et George Baron.
Après la guerre, les chaînes de télévision américaines présentent des combats les soirs de semaine avec des étoiles comme Sugar Ray Robinson, Rocky Marciano ou Archie Moore.
À Magog, la boxe prend un nouvel élan au cours des années 1950 et 1960. Plusieurs personnes s’impliquent à différents titres – entraîneurs, promoteurs, arbitres, etc. -, comme Ernest Ledoux, François Paris, Roméo Couture, Georges Goyette, Ben Lacroix et Armand Simard, alors que des locaux tentent l’expérience du ring chez les amateurs pendant ces deux décennies. Parmi eux, on compte, entre autres, Gérald Bombardier, Butch Bousquet, Spike Boucher, les frères Couture et Gosselin qui sillonnent la région : East Angus, Coaticook, Sherbrooke, Lac Mégantic, etc. Un programme a même lieu à la pointe Merry à l’été 1966!
Le pugiliste le mieux connu est alors Jean-Guy » Blackie » Potvin. Après avoir pratiqué ce sport dans l’armée, dont il devient le champion chez les poids coq (118 livres) en 1957, cet employé de la Dominion Textile évolue chez les amateurs. Sa réputation dépasse les Cantons-de-l’Est, puisqu’il se bat notamment à Montréal, Thetford Mines, etc., souvent en finale.
Soirée de boxe au Centre des loisirs, une annexe du Collège Saint-Patrice, mettant en vedette Léandre Couture à droite. (Photo gracieuseté – Collection Léandre Couture)
Rapide, incisif, porté sur l’attaque, Potvin se forge un palmarès éloquent, récoltant plus d’une soixantaine de victoires contre seulement quelques défaites. On trouve sur sa route des boxeurs réputés comme Pat Supple ainsi que les Olympiens Marcel Bellefeuille et Gaby Mancini. Il obtient même une victoire contre le champion canadien Raoul Sarrazin.
L’ouverture du nouvel aréna de Magog, en décembre 1966, ouvre des possibilités aux amateurs de boxe. Le 19 août 1968, un excellent pugiliste de la région, Burke Emery, y organise un programme avec des professionnels, dont l’ex-champion canadien des poids lourds Robert Cléroux, sur le retour après quelques années d’absence.
Puis, le 4 mai 1969, le jeune Donato Paduano fait les frais de la finale contre Carlos Caruso. Le mi-moyen de 20 ans, qui a représenté le Canada aux Jeux olympiques de 1968 à Mexico, est l’espoir de la boxe québécoise. Selon les journaux locaux, une bonne foule est au rendez-vous à l’aréna de Magog.
Une autre carte, avec des boxeurs amateurs, est restée gravée dans les mémoires. En effet, les boxeurs de la région font belle figure en octobre 1969 au Centre des loisirs, une annexe du Collège Saint-Patrice, contre des pugilistes montréalais d’origine italienne. Cependant, une fois dans le stationnement, les partisans de ces derniers se défoulent en attaquant des spectateurs se préparant à quitter les lieux. L’incident fera la manchette.
Il n’empêchera pas Jean-Guy Potvin et Léandre Couture qui, en plus de boxer et d’entraîner, font aussi de la promotion, de récidiver. Après un brillant parcours chez les amateurs, ce dernier devient même professionnel. Cette aventure l’amènera dans plusieurs villes du continent. Comme nous le verrons dans un prochain article, il se retrouvera même en 1970 face à l’un des meilleurs poids lourds au monde, l’Ontarien George Chuvalo.
(Nos remerciements à Léandre Couture, Serge Gosselin et Pierre Potvin pour leur aimable collaboration)
Serge Gaudreau, Maurice Langlois