Cercueils Magog nage à contre-courant pour contrer de sévères tarifs douaniers

ÉCONOMIE. La direction de Cercueils Magog réclame une aide gouvernementale pour sauver l’entreprise magogoise et ses 50 employés perturbés par la guerre tarifaire imposée par le président Donald Trump.

L’acier est au cœur de cette guerre commerciale avec des droits de douane américains de 25 % sur toutes les importations de cette matière qui entre aux États-Unis. S’ajoutent des tarifs réciproques de 25 % instaurés par Ottawa sur les produits venant des États-Unis.

« Ça nous affecte directement, car nous sommes l’unique manufacturier de cercueils en acier au Canada, explique le propriétaire Nicolas Lacasse. L’acier pour fabriquer nos cercueils vient des États-Unis et 80 % de nos produits finis sont exportés en sol américain. »

RÉDUCTION MAJEURE DES HEURES DE TRAVAIL

Nicolas Lacasse surveille la situation de près. Des coûts de production plus élevés, jumelés à un contexte où la crémation gagne en popularité partout au pays, fragilise l’entreprise. Pour atténuer l’impact à court terme, la cadence de conception des cercueils est au ralenti depuis un mois avec des employés qui travaillent seulement une journée par semaine.

Aucune perte d’emplois pour l’instant, mais le personnel a adopté un horaire à temps partagé. Cette formule permet de maintenir une certaine rémunération en ajoutant des prestations d’assurance-emploi. « Sans ce chômage, je perdais beaucoup de gens », dit-il.

M. Lacasse revient tout juste de Cleveland et de Las Vegas pour sécuriser ses clients. « Mes distributeurs ne sont pas prêts à payer 5 à 10 % de plus, mais la qualité de nos produits nous sauve, car on se démarque de la compétition, résume-t-il. Ces démarches sont importantes, surtout que mon plus loyal client depuis 25 ans vient de nous abandonner en raison de l’incertitude économique. »

Une tournée de prospection effectuée l’automne dernier aux États-Unis est aussi tombée à l’eau. M. Lacasse avait réussi à signer de nouveaux clients, mais l’élection de Trump a renversé la vapeur.

« Quand Trump est rentré en poste, ça a tué tout le marché, s’inquiète M. Lacasse. Je peux absorber les coûts additionnels pendant un certain temps, mais pas éternellement. C’est une question de survie pour nous, surtout que nous sommes l’unique fabricant de cercueils en acier au pays. »

Il réclame l’aide des autorités, comme des exemptions ou des allègements sur les tarifs douaniers, un peu comme dans le domaine automobile. Il frappe à des portes, mais les réponses tardent à venir.

M. Lacasse affirme que les États-Unis demeurent l’unique porte de sortie pour assurer l’avenir de son entreprise. « Je n’ai aucun marché alternatif, car le Canada anglais préfère les cercueils en bois, tandis que l’Europe a une tradition funéraire complètement différente de la nôtre. Si je disparais, le Canada deviendra dépendant à 100 % des États-Unis en matière de cercueils en acier », prévient-il.

EN CHIFFRES

  • Cercueils Magog débute modestement en 1953
  • Normand Lacasse achète l’entreprise de la rue Didace en 1963
  • Son fils Nicolas devient l’unique actionnaire en 1994
  • En 2006, un incendie détruit l’usine du boulevard Bourque à Deauville
  • L’entreprise est dans le parc industriel de Magog depuis près de 20 ans.
  • La cinquantaine d’employés fabriquent 10 000 cercueils par année