Aux commandes d’un avion à 22 ans

PILOTAGE.  Lorsque son père lui a offert un vol d’avion avec instructeur pour souligner ses 20 ans, Calee-Ann Morin était loin de se douter que ce cadeau plutôt original allait faire naître chez elle une étincelle – un feu d’artifice, devrait-on dire – et l’inciter à faire carrière dans un domaine majoritairement occupé par les hommes.

Depuis quelques jours, la jeune Magogoise détient officiellement sa licence de pilote d’avion commercial. À 22 ans seulement, elle peut donc prendre seule les commandes d’un engin monomoteur (de type Cessna) et elle peut même transporter quelques passagers.

Et dans quelques semaines, lorsqu’elle aura cumulé suffisamment d’heures de vol, elle pourra ajouter la certification multimoteur, ce qui lui permettra d’augmenter l’éventail d’appareils qu’elle peut légalement piloter. « Très bientôt, je vais pouvoir envoyer mon C.V. dans les différentes compagnies d’aviation. Piloter des avions, c’est vraiment ce que je veux faire à temps plein », dit-elle sur un ton déterminé.

Depuis quelques jours, Calee-Ann Morin détient officiellement sa licence de pilote commercial. (Photo gracieuseté)

Coup de cœur instantané

Après avoir obtenu son DEC en psychologie au Collège Champlain, Calee-Ann Morin était hésitante à poursuivre dans cette voie. « J’aimais encore la psychologie, mais pas au point d’en faire mon métier. Quand j’ai reçu mon cadeau de fête à 20 ans, ce fut un coup de cœur instantané. Le pilote m’a même laissé manœuvrer l’avion brièvement et en observant les paysages du haut des airs, j’ai su à ce moment que tout ça était fait pour moi », se rappelle celle qui a ensuite amorcé sa formation dans une école de Bromont, au début de 2023.

« Les cours de pilotage sont très dispendieux (plusieurs milliers de dollars par session), car ils comprennent l’enseignement, mais aussi la location d’appareils lorsqu’on souhaite effectuer des vols. Je travaille à temps partiel pour défrayer les coûts, mais j’ai aussi la chance d’avoir des parents qui me donnent un bon coup de main », explique-t-elle sur un ton reconnaissant.

Mécanique, droit et météo

Bien que le métier de pilote puisse paraître « glamour » aux yeux du grand public, la jeune femme tient à mettre quelques bémols. « Oui, c’est très cool comme emploi, mais ça exige aussi beaucoup d’apprentissage. Il faut notamment avoir des connaissances médicales (les effets de la pression sur le corps humain), des notions de droit (être à jour sur lois internationales), connaître parfaitement la mécanique de l’avion et savoir analyser la météo », cite-t-elle en exemple, en effleurant une partie de son travail.

« Il faut aussi être en bonne santé, autant physiquement que mentalement. Quand tu as la responsabilité de dizaines ou même de centaines de passagers, tu dois savoir garder ton sang-froid et être apte à gérer tout imprévu qui pourrait survenir durant un vol », ajoute-t-elle.

À 22 ans seulement, Calee-Ann Morin est prête à faire ses classes avant de conduire de plus gros avions. (Photo gracieuseté)

Une représentation féminine modeste

Démontrant beaucoup d’aplomb et d’assurance en dépit de son jeune âge, Calee-Ann Morin est bien consciente de mettre les pieds dans un univers presque exclusivement masculin.

Cette facette est toutefois loin d’être un obstacle, à ses yeux.

« Dans mon cours, nous sommes seulement 3 filles sur environ 50 élèves. Et dans le marché du travail, la proportion est sensiblement la même, puisqu’on dénombre seulement 6 ou 7 % de femmes dans ce domaine. Depuis toujours, l’image qu’on se fait du pilote d’avion est celle d’un homme. Mais je crois sincèrement que les femmes ont tous les outils pour y réussir; elles ne devraient pas hésiter à se lancer », plaide-t-elle.

« De mon côté, j’aimerais un jour être pilote de ligne, mais je dois d’abord faire mes classes et acquérir de l’expérience. Ça pourrait entre autres passer par quelques années dans le Nord du Québec, où les conditions sont nettement plus difficiles qu’en milieu urbain », avance-t-elle.

« Quand tu dois voler avec une visibilité réduite ou atterrir sur une piste très courte et en gravier, tu peux piloter pratiquement partout par la suite. »