Pierre Cabana, le mélomane

La région de Magog a son Edgar Fruitier puisque Pierre Cabana, mieux connu comme architecte et amateur d’histoire, est aussi un mélomane averti grâce à une impressionnante collection de quelque 8000 disques compacts et vinyles de musique classique et d’opéra.

M. Cabana ouvre sa porte très grande lorsqu’il est question de musique. Il partage tout ce qu’il a appris en écoutant religieusement des œuvres, en lisant scrupuleusement tous les détails de la vie des compositeurs et en se rappelant les meilleurs moments de grands concerts vus en Europe ou aux États-Unis. «La musique me transforme, me transporte, m’émeut. Je sors de ma personne et je me laisse aller», résume-t-il entre l’écoute de deux pièces de sa collection, qui occupe une grande partie de son bureau et de son sous-sol.

M. Cabana collectionne des disques depuis plus de 50 ans. Ses premiers achats ont été faits chez Madame Leduc, une disquaire de l’époque au centre-ville de Magog. Il a aussi été un fidèle membre des disques Columbia et rappelle fièrement qu’il n’a jamais jeté ou vendu un disque. «Je dois cette passion à la curiosité de mon père Raoul, qui voyageait beaucoup, et à ma mère qui fredonnait les airs des disques qui jouaient sur notre «pick up» Viking, acheté chez Eaton», se remémore-t-il.

M. Cabana se souvient aussi, en 1952, que sa famille a été la première à posséder une télévision 27 pouces avec antenne ce qui lui a permis de découvrir la culture américaine et de s’initier à la musique classique. «J’écoutais chaleureusement les cours d’initiation offerts par Leonard Bernstein avant qu’il soit reconnu à travers le monde», se souvient-il.

Par la suite, c’est au Séminaire de Sherbrooke qu’il écoute ses premiers Tchaïkovsky, Brahms et Schuman, «tout en courant les filles». En parallèle, c’est à cette époque qu’il commence sa collection d’Elvis Presley, Chet Atkins, Dave Brubeck et Miles Davis. Les chansonniers québécois comme Félix Leclerc, Pierre Calvé et Claude Gauthier, tout comme le folk américain des Bob Dylan et Paul Simon ne l’ont cependant jamais fait renier son amour du classique.

L’année 1962 marque cependant une étape importante dans la vie de M. Cabana : son mariage… et la découverte de la soprano allemande Erna Sack. «Quelle voix ! Elle m’a donné le goût à l’opéra», indique-t-il.

Son mariage l’a aussi fait déménager sur la rue Dominion, à Sherbrooke. Il se rappelle l’occupant du logement supérieur, en l’occurrence l’inventeur de la liqueur «Grapette», Ed Irwin. «Cet homme s’habillait en habit de gala pour écouter l’opéra à la radio, le samedi après-midi. Avec lui, nous écoutions religieusement des œuvres du Metropolitain Orchestra, notamment, en suivant les paroles sur les librettos. Il y trois mois, j’ai acheté sur E-Bay 16 albums vinyles des années 1960-1965 qui n’ont jamais joué, que j’écoutais à la radio avec M. Irwin. Ce sont de grandes pièces de collection dans mon cœur», lance-t-il comme un enfant qui a mis la main sur une carte de hockey de Guy Lafleur.