«Mon ami Dino»: quand la fiction devient réalité
ENTREVUE. Deux amis de longue date, éméchés et sans budget, qui décident un soir dans un bar de Montréal de faire un film. Voilà comment «Mon ami Dino», qui sera présenté en première mondiale à Magog lors du Festival CinéVue le 1er août prochain (voir autre texte), a vu le jour.
«On était tous les deux saouls et j’ai dit à Dino: on fais-tu un film?», raconte en riant le réalisateur Jimmy Larouche. Une semaine plus tard, toute l’équipe était réunie. C’est drôle, mais le pire, c’est vraiment ce qui est arrivé.»
Les deux «pots» avaient le goût d’avoir du fun, sans le stress d’une grande production et des attentes qui y sont rattachées. Avec 15 000 $ dans leurs poches, ils ont réussi «avec les moyens du bord» à ficeler le tournage en 40 heures. «On n’a écrit aucun dialogue. Ça été 100% improvisé. C’est toujours le risque avec Dino, car il n’aime pas apprendre des textes. On sait jamais trop à quoi s’attendre jusqu’au moment où un tourne la première scène et qu’on se dit: ça va être bon!», raconte le réalisateur, qui a étudié en administration à l’Université de Sherbrooke.
Si Jimmy a réalisé ce qu’il souhaitait faire depuis longtemps, soit de raconter la vie rocambolesque de son ami au grand écran, Dino Tavarone a été vite rattrapé par son personnage. Au point tel qu’à un certain moment, le fictif prenait le dessus sur la réalité. «Un soir durant le tournage, j’ai appelé Jimmy en panique, car j’étais chez moi et je vivais encore dans la peau du personnage. C’était très troublant. Pour moi, ce film, ç’a été très dur. J’ai tellement souffert que j’ai pensé ne pas le finir, sérieusement. La fiction m’est rentrée dans le sang et pas seulement à moi, mais à toute l’équipe», confie l’acteur.
Sans dévoiler le «punch», Jimmy Larouche raconte que la fin du film témoigne dans l’état profond dans lequel était plongé Dino Tavarone, qui était un homme différent de l’ami qu’il connaissait. «J’ai retrouvé le vrai Dino quand on a fini la dernière scène, qui a été très intense, se souvient le réalisateur, qui a été visiblement marqué. On ne pensait pas tourner à ce moment-là. Mais Dino a pris tout le monde par surprise en disant que fallait la faire là, tout de suite. C’était trop fort pour lui, il devait dire ce qu’il ressentait.»
S’il qualifie cette expérience de révélatrice sur le plan personnel, Dino Tavarone souhaite que ce film de près de 90 minutes trouvera un large public et suscitera son lots de réactions. «Que le public aime ou non, je m’en fous, car on a fait quelque chose de bien. Et si les gens ne comprennent pas, ils comprendront plus tard. Ce n’est pas un film qui se vit dans la tête, mais bien dans le cœur», conclut celui qui a interprété le parrain dans la série Omerta.
«Mon ami Dino» part à la rencontre du destin tragico-comique d’un Italien anarchiste qui se prépare pour le plus important combat de sa vie. Comme le définit le réalisateur Jimmy Larouche, il s’agit d’un documentaire sur Dino Tavarone dans un cadre fictif. Plusieurs thèmes y sont abordés, dont la vie, l’amitié, le travail, la famille, la maladie, la vieillesse. On retrouve également dans la distribution Michel Côté, Joëlle Morin, Manuel Tadros et Sasha Migliarese.