Le bilan du 21e siècle à la manière des Zapartistes

HUMOUR. Les Zapartistes seront au Vieux Clocher de Magog les 4 et 5 novembre afin de présenter leur spectacle intitulé Zap 21. Ayant été fondé en 2001, le groupe offrira aux gens présents une synthèse humoristique du 21e siècle à l’aide d’accessoires divers et d’imitations. Membre des Zapartistes depuis cinq ans, Jean-François Nadeau s’est prêté au jeu d’analyser notre société en quelques questions.

Comment décririez-vous votre groupe et votre genre d’humour?

«On fait de l’humour politique depuis quinze ans et on s’affiche de gauche et indépendantiste. En ce 21e siècle, les gens de gauche sont considérés comme des «pelleteux de nuages» alors que pour nous, c’est juste le gros bon sens. Notre humour se moque du pouvoir, sans être cynique, car on croit encore à l’État. Notre humour est militant sans faire des soirées trop sérieuses. On parvient toujours à prendre un sujet grave et à en rire.»

Pouvez-vous nommer un bon coup et un abus survenus ces 15 dernières années?

«Il y a plus de mobilisation qu’avant. Est-ce en raison de Facebook? Probablement, mais il y a aussi une fragmentation de la mobilisation. On compte maintenant autant de causes qu’il y a d’étoiles. On y retrouve à la fois le bon coup et l’abus. On est plus au courant de ce qui se passe, mais on est plus pointilleux sur la manière de s’impliquer.»

Qu’est-ce qui vous fait rêver aujourd’hui?

«Le dossier de l’environnement est peut-être celui où on a fait le plus d’avancements. On a fait suspendre l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, et ce n’était pas une mince affaire. Le projet de forage sur l’île d’Anticosti, ça ne passera pas. Chaque fois que quelque chose menace la biodiversité, les gens se mobilisent. La conscience environnementale a évolué et ça, c’est positif.»

Qu’est-ce qui vous fait faire des cauchemars?

«De constater à quel point la gauche est devenue complexée. Il y a eu le règne libéral pendant dix ans. Après ça il y a eu le règne d’Harper. La droite s’est vraiment bien organisée. Pendant ce temps, la gauche s’est fragmentée. On remarque aux quatre coins du Québec que les gens sont gênés de parler de leurs idéaux, comme si ce n’était pas utile. On n’arrive pas à comprendre comment on a pu se diviser à ce point. »

Qu’est-ce qui a changé depuis 15 ans et qu’est-ce qui n’a pas changé?

«Ce qui n’a pas changé c’est qu’on est toujours en attente d’un sauveur, et c’est extrêmement malheureux parce que ça nous ralentit. L’égocentrisme, lui il a changé. On ne se regarde plus seulement le nombril, mais les intestins. On est profondément prisonnier de notre reflet, de nos besoins et totalement obsédé par le multitâche, et on ose appeler ça la modernité.»