Trouver le seuil de tolérance

Le prix de l’essence augmente progressivement depuis des mois un peu partout au Canada. On avance de deux pas et on recule d’un pour avancer de nouveau de deux. Ce petit stratège a mené au chiffre symbolique de 1 50 $ le litre (1 72 $ si vous roulez au super) depuis environ une semaine. C’est à ce moment précis que la population commence à se révolter. Rappelez-vous, il y a dix ans (mai 2008) le prix du carburant avait temporairement grimpé à 1 50 $ et il y avait eu une forte contestation de la population. Le prix avait descendu peu après. Anecdote intéressante, lorsque le prix du gallon d’essence aux États-Unis avait grimpé à plus de 4 dollars, en mai 2008 l’intérêt pour les voitures vertes avait tellement augmenté que Toyota avait décidé de construire une usine de fabrication de Prius dans le Mississippi. La demande était tellement forte pour ce modèle que l’usine japonaise ne fournissait pas à la demande et l’attente était de six mois pour faire l’acquisition d’un modèle. Quelques mois plus tard, la crise économique frappe les États-Unis le prix du gallon d’essence tombe et l’intérêt pour les voitures vertes aussi. Toyota qui avait investi plus de 300 millions de dollars dans une usine complétée à 90 % a abandonné le projet faute de demande et les Américains ont recommencé à acheter des utilitaires et des camions de plus belle

Là pour rester ?

Il faut donc se poser la question. Est-ce que le prix de 1,50 $ le litre d’ordinaire est là pour rester ou si simplement les pétrolières testent notre seuil de tolérance par ramener le tout à un prix plus réaliste. Si je connaissais la réponse je serais riche, mais une chose est certaine le litre à 1 50 $ fait vivement réagir la population et contrairement à 2008, la montée des prix a été progressive donc il y a fort à parier que la situation perdure pour un certain temps. Cette histoire démontre également que malgré la forte somme dépensée pour acheter ou louer un véhicule, les gens agissent encore spontanément sans penser à long terme. Si le prix du litre revient à 1 20 $, la population va automatiquement reprendre ses mauvaises habitudes. Pour cette raison seule, j’espère au fond de moi que le prix va demeurer élevé pour que l’on soit témoin de véritables changements. Et sans être pessimistes, plusieurs facteurs vont dans ce sens. Par exemple, la marge de raffinage qui a atteint 17 cents le litre, la taxe sur le transport en commun dans la région métropolitaine a doublé depuis 10 ans. Il faut aussi ajouter 4 cents du litre de plus en taxes. Il y a dix ans, le dollar canadien était à parité avec le dollar américain. En 2018 notre dollar vaut 77 cents, car il faut savoir que le prix du baril se paye en dollars américains.

Il y a tout de même un bon côté

Le prix élevé du carburant force les gens à faire des choix. La demande pour les véhicules verts est en forte hausse depuis quelques semaines. Donc, un intérêt plus marqué veut également dire que la recherche dans les solutions alternatives va aussi reprendre un rythme de croisière plus rapide. Certains prédisent un prix au litre à 2 00 $, d’autres vont vous dire que les prix seront élevés tout l’été.  Une chose est certaine, les prix élevés sont sans doute là pour rester, la seule inconnue est de savoir jusqu’où ils vont grimper. Souvenez-vous seulement que litre de jaune était de 29,6 cents en 1980, 51,4 cents en 1990, 77 cents au tournant des années 2000, 1,07 $ en 2010 et nous somme autour de 1,50 $ li litre en ce moment. Si le passé est garant de l’avenir, cela va continuer à grimper.