Une rencontre inespérée entre une famille d’ici et d’Ukraine

Un jeune couple de la région, dont le conjoint est propriétaire d’un garage mécanique à Magog, ne s’était jamais imaginé qu’un problème de main-d’oeuvre l’aurait conduit, quelques mois plus tard, à devenir les anges gardiens pour une famille ukrainienne. Cette dernière commencera une nouvelle vie à Magog à compter du 3 novembre prochain.

Cette histoire qui ne s’invente pas a commencé au printemps dernier lorsque Tristan Dionne cherchait activement un nouveau mécanicien à son commerce de la rue Sherbrooke. Toutefois, comme dans bien des professions, la rareté de la main-d’oeuvre a rendu ses démarches beaucoup plus complexes que prévu.

«Après des mois, il n’a trouvé personne. À la fin août, un de ses clients lui a parlé de l’existence d’un programme venant en aide à des Ukrainiens qui ont fui leur pays en raison de la guerre. Il lui a fait savoir qu’il pourrait peut-être se tourner vers un travailleur de ce pays pour régler son problème», raconte sa conjointe Kasandra Toulouse. 

Sur le coup, les deux entrepreneurs ont pris cette idée à la légère, comme une suggestion parmi tant d’autres. N’ayant jamais fait ce genre de démarches à l’étranger, ils voyaient davantage cette solution comme un casse-tête de complexité et d’interrogations. «C’était vraiment la peur de l’inconnu et du niveau d’implication, et aussi la question financière, car on ne connaissait pas ça du tout. Déjà, nous sommes deux personnes très occupées, avec chacun nos «business» et nos deux enfants. On voyait ça comme une montagne plutôt qu’une solution réelle», admet la mère de famille.

Une première rencontre qui a tout changé

Malgré tout, le couple a accepté de participer à une première rencontre en visioconférence avec Pavel, un Ukrainien qui était propriétaire de son propre garage mécanique à Odessa, en Ukraine. Avec la guerre, lui et sa femme Olga ont décidé de fuir leur pays, en laissant tout derrière eux, en compagnie de leurs trois enfants, Viktoriia (15 ans), et deux garçons, Georg (13 ans) et Alexander (4 ans).

Un premier contact «humain» qui a aussitôt transformé les appréhensions en compassion. «C’est vraiment une famille incroyable. On a vite senti leur sincérité et leur désir de recommencer une nouvelle vie. Ça nous a vraiment touchés, partage Mme Toulouse. Ces gens-là, avant la guerre, ils étaient une famille comme nous avec une vie normale, avec de bons emplois et les enfants qui allaient à l’école. Du jour au lendemain, ils ont tout perdu et ce qu’ils veulent, c’est d’avoir une nouvelle chance de retrouver une vie normale.»

En faire plus qu’un simple matelas

Avec un lien de confiance qui s’est vite consolidé, le processus pour les accueillir au Canada s’est rapidement enclenché. Tandis que Pavel travaillera au garage de Tristan, Olga s’est trouvé un emploi comme préposée aux bénéficiaires dans une résidence pour personnes âgées, elle qui possède une formation en soins infirmiers. La famille exilée, qui a trouvé refuge en Allemagne depuis les bombardements, arrivera au Canada le 3 novembre prochain. 

«Ils ont utilisé le peu d’économies qu’il leur restait pour s’acheter des billets d’avion, qui ont coûté environ 5000 $. Ils repartent donc complètement à zéro et c’est pourquoi nous voulons les aider pour faciliter leur arrivée.»

«La maman m’a dit que la seule chose qui la préoccupait, c’était que ses enfants puissent avoir un matelas sur lequel dormir, poursuit Kasandra Toulouse. Quand tu entends ça et que tu vois qu’ils restent forts et unis, malgré tout ce qu’ils vivent, ça nous donne juste envie d’être là pour eux et de faire notre maximum pour que ce nouveau départ se fasse le mieux possible.»

Appel à la générosité

C’est pourquoi les Magogois ont lancé récemment une campagne de sociofinancement afin de les aider à absorber une partie des dépenses engendrées par ce processus, que ce soit pour meubler le logement près du centre-ville dans lequel les nouveaux résidents habiteront, acheter des vêtements de la tête aux pieds ainsi que remplir la cuisine de nourriture. Tristan travaille également à réparer une voiture, qui lui a été vendue à bas prix par un de ses clients qui a été touché par la cause. 

Au total, l’objectif est de recueillir 5000 $. «Jusqu’à présent, nous avons amassé près de 2000 $ provenant essentiellement de notre entourage. On aimerait que les gens de Magog et des environs nous donnent un coup de main, comme ils le peuvent. Si on dépasse l’objectif, tout l’argent sera versé à cette famille. Après tout ce qu’elle a vécu depuis des mois et tous les défis qui l’attendent avec ce nouveau départ, chaque petit geste fera assurément une grande différence», partage Kasandra Toulouse.

Pour faire un don, il suffit de consulter le www.gofundme.com et écrire dans le moteur de recherche «De l’Ukraine, jusqu’à Magog!».