Une médaille de bravoure aux anges gardiens du chemin Khartoum
COURAGE. Sans l’intervention et la présence d’esprit de Karine Lareau et Robert Maclure, Gérald Saint-Pierre serait sans doute mort enseveli dans une mare de boue, le 16 mai dernier, après un accident de camion à Eastman.
C’est ce qu’a voulu rappeler le député d’Orford Gilles Bélanger, lorsqu’il a remis la médaille de bravoure de l’Assemblée nationale aux deux anges gardiens, le 13 juin dernier à Magog.
Camionneur à l’emploi d’Excavation Lapalme, M. Saint-Pierre venait d’aller chercher un chargement de sable lorsque son véhicule a fait une embardée sur le chemin Khartoum, une route secondaire peu fréquentée. « Dès que j’ai senti que je dérapais, je savais que j’allais être dans le trouble », raconte celui qui n’avait jamais eu d’accident de ce genre en 34 ans de carrière.
Déporté du côté passager alors que son camion se renverse sur le côté, le conducteur est incapable de sortir de sa fâcheuse position, pendant qu’il s’enlise graduellement dans une mare de boue.
Son collègue Robert Maclure, qui passait par hasard dans le même secteur, est le premier à s’arrêter sur les lieux. Autre heureux hasard, la deuxième personne à intervenir est aussi une camionneuse, ayant de plus œuvré 20 ans dans le milieu ambulancier. « Lorsque Karine est arrivée et qu’elle m’a indiqué qu’elle avait déjà été paramédic, ça m’a enlevé de la pression. Je me disais que si Gérald avait des blessures, elle saurait mieux que moi comme réagir », se remémore M. Maclure.
« Nous avons essayé de briser la fenêtre avec une pelle pour atteindre Gérald, mais ça ne fonctionnait pas. Je suis allé chercher un marteau dans mon camion et je l’ai lancé à Karine. Elle l’a pratiquement attrapé au vol avant de casser la vitre », poursuit M. Maclure.
Étant la seule à pouvoir se glisser dans l’habitacle en raison de sa taille, Karine Lareau dégage une partie de la boue et s’assure que la tête du conducteur soit gardée à l’air libre, en attendant les secours. « C’est pratique quand on mesure seulement 5’04, dit-elle en riant. Et le plus drôle, c’est que la première paramédic à se présenter sur les lieux avait sensiblement le même gabarit que moi. Elle a donc pu prendre ma place », raconte à son tour Mme Lareau, qui est à l’emploi d’Excavation STR à Farnham.
De retour derrière le volant
Malgré la gravité de l’accident, Gérald Saint-Pierre est demeuré conscient tout au long des manœuvres (ce qui lui a certainement sauvé la vie, croit ses anges gardiens) et il s’en est tiré sans aucune blessure sérieuse.
L’homme de 67 ans a même repris le volant le 7 juin dernier, après une pause de quelques semaines seulement. « J’étais content de retrouver mon camion. J’ai peut-être roulé un peu moins vite pendant une heure ou deux, mais ça s’est replacé par la suite et ça m’a convaincu que je n’étais pas encore prêt pour la retraite », a-t-il avoué.
Bien qu’il ne ressente aucune séquelle, M. Saint-Pierre est conscient qu’il l’a échappé belle. « J’ai été vraiment chanceux que Robert et Karine arrivent sur les lieux aussi rapidement. Karine était la seule qui pouvait entrer par la fenêtre de côté et elle avait aussi un bagage qui lui permettait de bien gérer pareille situation. C’est vraiment elle que ça prenait pour me sauver », a-t-il louangé.
De nature modeste et ayant intervenu maintes fois dans le passé sur des scènes difficiles, Mme Lareau a accepté la médaille de bravoure avec beaucoup d’humilité. « La vie a fait que Robert et moi, on a été mis sur le chemin de Gérald. Il y a tellement de choses qui se sont produites et qui ont fait qu’il soit encore vivant aujourd’hui. Son heure n’était pas venue », a philosophé l’héroïne du chemin Khartoum.