Une Magogoise se bat pour garder son commerce

JUSTICE. Julie Fontaine se bat pour garder ouvertes les portes de son commerce Les Aubaines en Folie, même si de nouveaux propriétaires de l’immeuble situé au 195, rue Principale Est, à Magog, y effectuent des travaux majeurs de rénovation. La Société immobilière B2GD préfère plutôt trouver un terrain d’entente pour résilier le bail commercial.

Les occupants des six logements ont déjà quitté après avoir signé des ententes à l’amiable de résiliation de bail. Mme Fontaine crie à l’injustice en dénonçant ce qu’elle qualifie de rénovictions. «Je refuse de quitter mon commerce du rez-de-chaussée, car mon bail de cinq ans est valide jusqu’en 2025», insiste-t-elle.

Sans vouloir parler pour les anciens locataires, Mme Fontaine déplore ces rénovations qui chassent et déracinent des gens peu fortunés de leur quartier. «Ces loyers coûtaient environ 500$ chacun, mais ils risquent de doubler et tripler de prix, s’attriste-t-elle. Où iront ces citoyens quand on sait que les loyers les moins chers en ville sont situés dans le quartier des Tisserands?»

L’arrivée de nouveaux propriétaires et bientôt de locataires plus aisés insécurise Julie Fontaine. L’avenir de son commerce l’inquiète, car la majorité de sa clientèle habite dans le voisinage. «Ma boutique est presque un milieu de vie pour les voisins qui cherchent des produits de base à peu de frais, comme des vêtements et de la vaisselle, spécifie-t-elle. Ma boutique est très écologique, car je donne une seconde et, parfois, une troisième vie à des items plutôt que de les jeter à la poubelle.»

Mme Fontaine réclame une injonction permanente pour demeurer en place pour la durée du bail se terminant le 30 juin 2025. Elle exige aussi une somme de 50 000 $ en dommages et intérêts.

Réponse de la compagnie B2GD ici.

DES «RÉNOVICTIONS»?

Son avocat André Monette ajoute que les propriétaires se doivent de respecter les baux en vigueur, tel que formulé dans le contrat d’achat avec le vendeur en mars 2021. Lui aussi déplore ces évictions et la tentative de résiliation de bail avec Mme Fontaine, tout comme les menaces d’éviction et la pression indue exercée sur la femme d’affaires, aux dires de Me Monette, pour la convaincre de signer le document.

La modification de bail a été signée, mais Mme Fontaine a fait volte-face le lendemain en réclamant la nullité du document. Elle prétend qu’elle n’a jamais compris, au moment de signer ce document, que le montant de son loyer demeurerait le même malgré le fait que la superficie était réduite du tiers», lit-on dans un jugement du juge Charles Ouellet, de la Cour supérieure, daté du 2 novembre 2021.

«Elle était dans un état de désespoir total de perdre toute son entreprise si elle ne signait pas» et «elle n’aurait jamais accepté de signer, n’eût été des menaces d’éviction immédiates», observe-t-on dans un autre document du 28 octobre.

Me Monette cible des avis demandant à Mme Fontaine de quitter les locaux avec tout son matériel. Il déplore aussi des méthodes «injustifiées» comme des portes cadenassées, privant ainsi Mme Fontaine de travailler pendant trois semaines. Il réfute aussi les allégations des propriétaires qui justifient leurs actions par des paiements en retard. «Les supposés défauts de paiements de loyers ont été volontairement provoqués par l’un des propriétaires», lit-on dans un document juridique daté du 28 octobre dernier.

Deux décisions de la Cour supérieure ont permis de rouvrir les portes et de redonner accès aux commerces. Les deux parties se retrouveront devant un juge, le 7 mars, pour connaître les conditions à respecter des deux côtés d’ici un éventuel procès qui pourrait se tenir dans un ou deux ans.