Une intervention qui lui sauve la vie

URGENCE. À titre d’ancien pompier, José Tétreault a maintes fois pratiqué des manœuvres de réanimation sur des personnes en détresse. Il y a quelques mois, c’est lui qui s’est retrouvé dans le mauvais rôle, et n’eût été la vigilance et la rapidité d’intervention des services d’urgence, il aurait certainement connu une fin tragique. Le 19 mai dernier vers 16 h 30, alors qu’il roule sur la rue Sherbrooke à Magog, M. Tétreault tombe en arrêt cardiorespiratoire à la suite d’un infarctus. Son camion (pick-up) emboutit le véhicule qui le précède, causant un accident de la circulation. En quelques minutes à peine, les différents services d’urgence – policiers, pompiers, paramédics, et même le remorqueur – arrivent sur les lieux. Parmi ceux qui lui viennent en aide rapidement, le sergent Steve Vachon, de la Régie de police de Memphrémagog, se trouve en première ligne. Comme c’est souvent le cas dans une communauté comme Magog, M. Vachon connaît bien la victime de l’accident, ce qui ajoute une dose d’émotion à l’intervention. «Parce que le véhicule est toujours en marche (transmission sur Drive), les portières sont verrouillées. Nicholas Dostie (l’employé du remorquage) me prête un marteau et je brise une fenêtre, pour accéder au contact et tout mettre au point mort. Ça me permet alors de me glisser jusqu’à lui et de débuter des compressions thoraciques», raconte le vétéran policier qui cumule 23 années de services. «Étant donné qu’il n’y avait pas de pouls, les paramédics utilisent ensuite le défibrillateur cardiaque. On a dû s’y prendre à quatre reprises avant que le cœur recommence à battre», poursuit celui qui était accompagné de son collègue Patrick Duperron. «Parce que les policiers agissaient autrefois comme premiers répondants, il m’est arrivé très souvent de pratiquer des manœuvres de réanimation cardiaque. Mais bien honnêtement, c’est la première fois que je voyais quelqu’un revenir de la sorte, surtout après autant de tentatives avec le défibrillateur», avoue-t-il. Après avoir contacté les parents du blessé et les avoir accompagnés lui-même à l’hôpital, Steve Vachon apprend plus tard que M. Tétreault est hors de danger. «C’est pratiquement un miracle qu’il ait retrouvé la santé, et ce, sans trop de séquelles», estime-t-il. «José a été chanceux dans sa malchance en causant un accident sur la rue Sherbrooke, ajoute-t-il. S’il avait subi son infarctus sur une petite route isolée, les services d’urgence seraient arrivés plus tardivement et l’issue aurait probablement été différente.» Honoré à l’échelle provinciale En raison de sa participation à l’intervention du 19 mai 2018, Steve Vachon a été honoré lors de la remise annuelle des Prix policiers du Québec, le 15 novembre dernier à Montréal. Son prix lui a été décerné en présence de José Tétreault et de ses proches, dont sa conjointe Marie-Hélène Pelletier, qui avait été la première à rendre hommage au sergent magogois en adressant une lettre de remerciements au conseil municipal de Magog. «C’était très émouvant de revoir tout le monde et de réentendre la description de l’événement. C’est une marque de reconnaissance fort appréciée, mais il ne faut pas oublier que ce fut un travail d’équipe et que d’autres personnes ont aussi contribué», a témoigné M. Vachon, en toute humilité. Notons qu’une quarantaine de membres des différents corps policiers de la province (municipaux, SQ et GRC) et quelques «civils» ont été honorés lors de la remise des Prix policiers du Québec.

Steve Vachon était très heureux de recevoir son Prix des policiers, le 15 novembre dernier, en présence de José Tétreault et Marie-Hélène Pelletier.
Des signes avant-coureurs Bien qu’il vienne à peine de franchir la quarantaine et qu’il a toujours été relativement en forme, José Tétreault avait le pressentiment que des problèmes cardiaques le guettaient. Quelques mois avant l’incident du 19 mai, il avait commencé à être ennuyé par des douleurs et des pressions à la cage thoracique. L’anxiété – ajoutée à quelques événements qu’il préfère mettre derrière lui – l’avait notamment conduit à vendre son entreprise de déneigement et à opter pour un travail de surintendant dans une compagnie de pavage. «J’en avais parlé à mon médecin de famille, et j’avais même consulté un cardiologue dans une clinique privée, tout juste avant l’accident. Après différents tests, on a conclu que le stress était en bonne partie responsable de mon état. J’ai toujours été assez résistant au stress et je me sentais capable d’en prendre. Mais, ça m’a finalement mené à l’infarctus», constate-t-il. De cette journée où tout a basculé, José Tétreault garde peu de souvenirs. «Je me souviens d’avoir aperçu la pancarte du Canadian Tire (sur la rue Sherbrooke), mais plus rien par la suite. On m’a dit que j’étais demeuré près de neuf minutes en arrêt cardiorespiratoire. Tous les gens qui sont intervenus lors de mon accident méritent des félicitations. Par expérience, je sais très bien que si ça avait duré quelques minutes de plus, je ne serais pas là pour en parler», reconnaît l’homme de 42 ans. En dépit de cet épisode douloureux, M. Tétreault a repris le boulot trois semaines après son hospitalisation. «J’avais hâte de retourner travailler, même si je n’étais pas à 100 %. Les médecins m’ont dit que ma bonne condition physique m’avait sans doute aidé à passer au travers. Je sais par contre que je devrai être suivi et médicamenté pour le reste de mes jours», informe celui qui est père de deux adolescents. «Je suis un gars positif et je crois en la vie. Avec toutes les personnes présentes et les circonstances de mon accident, les astres étaient alignés pour que je m’en sorte», conclut-il.