Une institution du quartier des Tisserands ferme ses portes

FERMETURE. Le quartier des Tisserands, à Magog, vient de perdre assurément l’un de ses points d’ancrage avec la fermeture du Dépanneur Bergeron.

Même si les affaires marchaient rondement et que l’endroit avait une clientèle fidèle et régulière, la propriétaire Maryse Bergeron a décidé, à contrecoeur, de mettre fin aux activités de son établissement, le 27 mai dernier.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur que je prends cette décision. Ça faisait trois ans que le commerce était à vendre, mais je ne réussissais pas à trouver une relève. C’est vraiment triste de mettre la clé dans la porte », se désole-t-elle.

« J’étais propriétaire depuis 25 ans, mais l’endroit existe depuis beaucoup plus longtemps. Au moins 50 ans, et peut-être même 100 », avance-t-elle.

Situé au coin des rues Saint-Patrice Est et Saint-David, le Dépanneur Bergeron avait fait parler de lui il y a quatre ans, lorsqu’un de ses clients avait remporté un gros lot de 7 millions $ à la Lotto 6/49. Cette somme avait valu à la propriétaire une « ristourne » de 70 000 $, soit 1% de la cagnotte.

Autant sur le plan professionnel que personnel, cette décision affecte vivement Maryse Bergeron.

La femme d’affaires est née à quelques maisons de là, dans l’édifice de Tapis A. Bergeron (un commerce fondé par sa famille), et elle a vu évoluer ce quartier que plusieurs appellent encore « le bas de la ville ». « J’ai commencé à travailler à 12-13 ans au Dépanneur Larochelle (qui n’existe plus), et je rêvais déjà à cette époque de posséder mon propre dépanneur. À 28 ans, j’ai réalisé ce rêve ».

Pas d’offre concrète

Officiellement à vendre depuis trois ans, le Dépanneur Bergeron a suscité quelques offres, mais rien qui puisse aboutir. Sa propriétaire a fini par lancer la serviette il y a quelques semaines. « J’ai longtemps espéré que des employés puissent acquérir le commerce et poursuivre le travail; mais ça ne s’est pas concrétisé. Et quand j’ai su que deux d’entre eux (Marc Poulin et Jacques Goyette) voulaient prendre leur retraite, ça a accéléré ma réflexion », précise Maryse Bergeron.

Cette dernière a donc mis l’ensemble de l’immeuble en vente, qui comprend l’espace commercial et deux loyers de 5 pièces et demie.

« Je vais subir de lourdes pertes, parce qu’il reste de l’inventaire non vendu et je vais sûrement avoir des frais pour des bris de contrat d’approvisionnement. Mais ce que je trouve encore plus dommage, c’est de voir un commerce de proximité disparaître. J’avais des clients qui se présentaient ici chaque jour et qui ont été vraiment ébranlés lorsqu’ils ont appris que je fermais ».

« Dorénavant, les gens devront se rendre à la station-service au coin Saint-Patrice/Sherbrooke ou encore au Dépanneur 10-10 s’ils ont besoin de quelque chose. Pour ceux qui se déplacent à pied, ce sera un peu plus difficile », appréhende-t-elle.

Habituée de faire des semaines de travail éreintantes (7 jours sur 7), mais n’ayant plus sa belle énergie d’autrefois, Maryse Bergeron entend bien réduire la cadence, maintenant que le rideau est tombé sur son entreprise de quartier. « J’ai toujours travaillé en comptabilité à temps partiel, mais je n’ai pas l’intention d’en prendre davantage. Je risque même de prendre une retraite complète d’ici deux ans », évoque-t-elle.

« On voit de plus en plus de gens qui tombent malades ou qui décèdent autour de nous. Il vaut mieux profiter de la vie avant qu’il ne soit trop tard », a-t-elle conclu avec beaucoup d’émotion.