Une chercheuse de trésors des temps modernes

PORTRAIT. Même si elle n’a aucun lien de ressemblance et encore moins de méchanceté avec les pirates de bandes dessinées, Clara Bolduc partage tout de même un point en commun avec eux :  la quête des trésors dans le sang. Mais plutôt que de voguer en mer à bord d’immenses embarcations pour arriver à ses fins, elle chasse plutôt les vestiges du passé à l’aide de son détecteur de métal. 

La résidente d’Ayer’s Cliff s’est initiée à cette pratique il y a environ six ans, après avoir écouté l’émission La Malédiction d’Oak Island, mettant en vedette un expert dans le domaine de la détection, Gary Drayton.

En voyant ces exploits sur son petit écran, la mère de famille a eu envie à son tour de tenter l’expérience. « Quand j’étais jeune, j’ai toujours rêvé d’être archéologue. Toutefois, à l’école, mes notes n’étaient pas assez bonnes pour aspirer à une telle carrière, raconte-t-elle. En écoutant cette émission, ça m’a fait réaliser que c’était tout de même possible de s’amuser à faire des fouilles en s’équipant simplement d’un appareil de détection. C’est à ce moment que j’ai décidé d’en acheter un! »

Demeurant sur une rue assez ancienne d’Ayer’s Cliff, Clara Bolduc a pu apprendre les rudiments du métier dans sa propre cour. C’est d’ailleurs à cet endroit qu’elle a fait ses premières trouvailles; certaines étant plus spectaculaires que d’autres. « Seulement chez moi, j’ai trouvé une boîte de maquillage ancienne, des boutons provenant d’un habit de soldat, des pièces de monnaie de toutes sortes, des pentures assez détaillées et des bijoux. Mais la plupart des choses que l’on trouve sont endommagées. J’ai aussi découvert plusieurs objets calcinés puisque la grange, qui est annexée à notre maison, a déjà été utilisée par les pompiers, il y a longtemps, pour des pratiques incendie. »

Des trouvailles moins prestigieuses

Au fil du temps, la chercheuse a aussi demandé la permission à des voisins pour effectuer quelques recherches dans leur cour arrière. Elle a également obtenu l’autorisation d’arpenter l’immense terrain de l’exposition agricole d’Ayer’s Cliff, situé au cœur du village. « En quelques heures de recherche, c’est sûr que je trouve énormément de déchets au terrain de l’expo. Comme je ramasse tout, c’est beaucoup de temps et de travail. Peut-être que ça découragerait certaines personnes, mais pour moi, c’est une façon de faire ma part pour l’environnement. Et on se dit qu’il peut toujours y avoir quelque chose d’intéressant qui se cache sous ces cochonneries! », lance-t-elle en riant.

Même si elle admet que l’idée de dénicher un objet de grande valeur est toujours présente dans son esprit, Clara Bolduc assure que ce n’est pas cet élément qui la motive à enfiler son équipement d’exploratrice.

« Avec les enfants, la maison, le travail et tout le reste, c’est difficile de nos jours d’avoir du temps pour soi et de décrocher complètement. Quand je pars avec mon détecteur, je suis comme dans une bulle où c’est le vide total. Je me sens super bien et quand je trouve quelque chose de spécial, c’est encore mieux! »

Troquer ses souliers pour des palmes

Ayant accumulé plusieurs objets, Clara risque d’en ajouter une panoplie à sa collection dès cet été alors qu’elle transportera son artillerie dans un tout nouvel environnement. Grâce à des formations spécialisées, elle pourra prochainement fouiller les fonds marins avec sa bonbonne d’oxygène et son détecteur, en compagnie d’un plongeur bien connu dans la région, Jean-Marc Gaudreau, qui est aussi son oncle.  « Ce sera un tout nouveau monde à découvrir. Ça risque d’être très intéressant, car les plans d’eau sont des endroits qui ont été moins fouillés par le passé, du moins dans la région, alors il y a de l’espoir de trouver des choses étonnantes », dit-elle avec fébrilité.

« Reste qu’avec tous les objets amassés au fil des années et tous ceux à venir, j’aimerais trouver une façon de les exposer plutôt que les laisser chez moi dans des boîtes. Quand on déterre quelque chose qui dormait dans le sol depuis 50, 100 ou même 200 ans et qu’on le prend dans nos mains, on ressent quelque chose de vraiment unique. Comme si, grâce à nous, on redonnait une vie à cet objet et à son histoire. Mais pour que celle-ci continue, il faut la partager au grand public. »

Pour ceux qui aimeraient s’initier à ce loisir, un appareil de base peut coûter entre 200 et 400 $. On suggère fortement aux personnes avec peu de patience de s’en tenir loin, car elles risquent d’abandonner dès le premier essai. « Au départ, il faut beaucoup de pratique pour apprendre à manier son appareil et à reconnaître les sons, qui diffèrent selon les objets détectés. Ce n’est pas un passe-temps qui va plaire à tout le monde, mais à l’inverse, il peut vite aussi devenir addictif. Je suis bien placée pour en parler! », conclut Clara Bolduc.

Voici quelques-unes de ses plus belles trouvailles