« Un tueur silencieux » découvert à leur résidence

SANTÉ. Sans doute comme la plupart des gens qui sont confrontés à cette réalité, David Auclair et Emmanuelle Vincent-Racicot ont été estomaqués d’apprendre que leur résidence de Saint-Étienne-de-Bolton était frappée par des émanations de radon. Et que la problématique durait assurément depuis quelques années.

N’eût été un cours de santé environnementale qu’elle suivait l’an dernier, Mme Vincent-Racicot n’aurait peut-être jamais découvert que le radon, un gaz radioactif considéré comme cancérigène, se trouvait dans les fondations de sa maison.

« Dans ce cours, il y avait un volet sur le radon, et j’ai décidé tout bonnement de faire le test chez moi, pour en mesurer le niveau. À ma grande surprise, ça affichait une concentration de 400 becquerels par mètre cube (bq/m3), alors que la limite tolérée par Santé Canada est de 200 bq/m3 », raconte-t-elle avec émotion.

« J’étais inquiète à l’idée d’avoir laissé nos enfants respirer ce gaz radioactif pendant des années, mais j’étais également choquée de ne pas en connaître plus sur cette problématique. J’ai une formation d’inhalothérapeute, et pourtant, je n’avais jamais été informée des dangers ni de la présence de ce gaz dans plusieurs maisons de la province », s’étonne-t-elle.

Une accalmie passagère

Croyant avoir solutionné le tout en colmatant certaines ouvertures au sous-sol de sa résidence, le couple a constaté au cours de l’été que le radon refaisait surface. « On a décidé d’aérer 24 heures sur 24 et le taux d’émanations est redescendu à un niveau acceptable. Mais dans quelques semaines, avec l’arrivée du temps plus froid, ce ne sera plus possible de laisser les fenêtres ouvertes en permanence », s’inquiète la jeune mère de famille.

« Le radon est surnommé le tueur silencieux, car il est la deuxième cause de cancer du poumon derrière la cigarette », précise-t-elle en brandissant quelques statistiques.

« Et ce qui nous a aussi ébranlés, c’est lorsqu’on a appris que l’ancien propriétaire de notre maison était justement décédé d’un cancer du poumon. Difficile de prouver que c’est à cause du radon, mais c’est tout de même troublant ».

Des citoyens impliqués

Domiciliés au cœur de Saint-Étienne-de-Bolton, David Auclair et Emmanuelle Vincent-Racicot sont avantageusement connus au sein de leur communauté.

Le premier est maire de la municipalité alors que sa conjointe est récipiendaire d’un prix québécois de bénévolat.

Le couple est d’ailleurs à l’origine de nombreux projets touchant plusieurs secteurs d’activités (alimentation, aide aux démunis, patrimoine, loisirs, aide aux nouveaux-arrivants, etc.) et ils sont parmi les bénévoles les plus estimés dans la MRC de Memphrémagog.

Lorsqu’ils ont acquis leur résidence à proximité d’un parc municipal il y a quatre ans, ils étaient convaincus d’avoir l’emplacement idéal pour mener à bien leurs projets et élever leurs quatre enfants.

Ils ont donc écarté du revers de la main la possibilité de déménager dans une autre résidence. « S’il y a un problème, il y a forcément une ou plusieurs solutions », estime David Auclair avec son calme habituel.

La recherche de solutions auprès d’experts s’est toutefois avérée plus ardue que prévu. « La première chose qu’on nous a proposée était un système qui coûte environ 35 000 $. C’est une somme qui était impossible à défrayer pour nous. Mais heureusement, on a trouvé par la suite une alternative qui devrait se détailler entre 3 et 5000 $ », a-t-il expliqué, en poussant un soupir de soulagement.

« Et si on décide d’en parler publiquement, c’est justement pour aviser les gens qu’il y a des solutions, mais qu’il faut aussi faire des tests pour en avoir le cœur net », a-t-il poursuivi.

Manque de soutien

Dans toute cette saga, les deux citoyens de Saint-Étienne-de-Bolton déplorent bien sûr le peu d’informations disponibles sur cette problématique, mais aussi le manque de soutien de diverses instances. « Il existe des aides financières pour installer un système (pour contrer les effets du radon) dans toutes les provinces canadiennes, sauf au Québec », s’insurge Emmanuelle Vincent-Racicot.

« Et lorsque nous avons contacté nos assurances, on m’a informé qu’une réclamation qui touche le radon avait 99,9 % de chances d’être rejetée, parce que ce dommage invisible n’est pas couvert », ajoute-t-elle avec une profonde déception.

La jeune femme estime d’ailleurs que, pour avoir un portrait plus juste de la situation chez soi, il est préférable d’avoir un appareil portatif qui donne une lecture rapide, plutôt que de faire des tests sur une longue période (3 mois), comme le proposent les habituelles campagnes de santé publique. 

« On a même prêté notre appareil (environ 170 $) à d’autres maisons autour, pour savoir si elles étaient également touchées. Ma mère demeure près d’ici et elle a une vieille maison, mais son taux est étonnement très bas. Les anciennes résidences étaient construites de façon moins étanche. Il y a sans doute des infiltrations, mais il faut croire que le gaz n’y reste pas longtemps », en conclut Emmanuelle Vincent-Racicot.