Un quart de siècle voué à la protection du marais

ENVIRONNEMENT. Si le marais de la rivière aux Cerises fait aujourd’hui la fierté des Magogois, les usagers doivent une fière chandelle à un petit groupe de bénévoles désirant protéger ce milieu naturel des griffes des promoteurs immobiliers.

2022 est une occasion de souligner la vision des Claude Van der Heyden, Hélène Potvin, Jacques Goyette, Marc Choquette et Michel Lacroix. Ces environnementalistes, photographes et ornithologues en herbe ont officiellement créé LAMRAC (Les Amis du marais de la rivière aux Cerises) en 1997.

L’idée a toutefois germé quelques années plus tôt en s’inspirant de l’expérience de Claude Van der Heyden à l’Île du Marais, au lac Magog. On voulait imiter ce concept de protection et de mise en valeur d’un site exceptionnel, mais le groupe a aussi reçu l’aide des élus de l’ancien Canton et de la Ville de Magog, via une subvention de la Fondation de la faune du Québec, pour acquérir 60% des 150 hectares du marais, dès 1989.

La paternité de cette idée de base revient à M. Van der Heyden et à sa conjointe de l’époque, Hélène Potvin. Le groupe de bénévoles insistent aussi pour dire que le marais ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans l’aide « inestimable » de l’ancien maire du Canton de Magog, Jean-Guy St-Roch.

FREINER LA SPÉCULATION IMMOBILIÈRE

Tous ces gens s’entendent pour dire que leur travail bénévole, jumelé aux pressions des élus, a freiné les ambitions immobilières de réduire la superficie du poumon du lac Memphrémagog. « Le marais aurait probablement disparu sans nos interventions, relate M. Van der Heyden à partir de son domicile d’Alma. Il y aurait eu du remplissage et des condos, un peu comme sur la rue du Moulin et au Memphré Club. »

Aujourd’hui, il est très fier d’avoir contribué à la protection de ce marais à titre de pionnier et de premier président, plus particulièrement après l’avoir visité il y a quelques années. Marcher sur le principal sentier, un segment qu’il avait lui-même dessiné, l’a réellement honoré.

Fierté partagée par Jacques Goyette, qui y photographiait déjà des oiseaux quand il s’est joint au groupe. Il y a vu un grand potentiel pour les randonneurs et les amateurs d’oiseaux. Il se rappelle, comme si c’était hier, l’aménagement du premier sentier à bout de bras et de voyages de brouette.

LE MARAIS TATOUÉ SUR LE CŒUR

Le géographe et urbaniste de formation, Éric Sévigny, s’est rapidement joint au groupe pendant qu’il travaillait de son côté sur un plan d’aménagement du marais à titre d’étudiant universitaire. « J’ai toujours le marais tatoué sur le cœur après toutes ces années », confie celui qui occupe aujourd’hui la direction générale de la Ville de Bromont.

Il félicite la vision de l’équipe de M. Van der Heyden, ce qui a permis d’éviter « une catastrophe écologique ». M. Sévigny rappelle l’importance des marais qui protègent la qualité de l’eau des lacs, tout en conservant l’habitat d’une faune et d’une flore diversifiées.

Il se rappelle d’avoir déjà vu une carte du marais avec des rues et des lots. Il se remémore le débat public entourant l’autorisation ou non de construire un marché d’alimentation au coin des rues Bowen et du Moulin à la fin des années 1990. « Sans la pression des écologistes, il y aurait peut-être un pont reliant cette épicerie et la route 112 près de l’Hôtel Le Versō», ajoute-t-il. 

REVIGORER UN ANCIEN DÉPOTOIR

En plus de stopper la spéculation immobilière, le travail de ces bénévoles a également permis de revigorer un marais qui perdait des plumes. Il faut savoir que des terrains situés près du chemin Roy ont été utilisés comme dépotoir dès la fin des années 1950 jusqu’en 1971. 30% des terres humides composant le Marais ont même disparu depuis 1930.

En plus de l’acquisition des terres via la Fondation de la faune et avant d’être aménagé de façon écologique, le marais a dû subir un nettoyage pour le débarrasser des détritus et autres vestiges de l’ancien dépotoir. En collaboration avec Action Saint-François, deux grandes corvées de nettoyage ont permis de retirer 60 tonnes de matières recyclables en 1997 et 1998.

Aujourd’hui, l’actuelle directrice générale, Laura Dénommée Patriganni, applaudit le travail de ces pionniers qui défendaient alors des valeurs qui étaient à l’époque moins à la mode. »Sans eux, il n’y aurait tout simplement plus de marais, constate-t-elle. Il fait maintenant partie d’un important corridor naturel reliant le parc national du Mont-Orford et le lac Memphrémagog, tout en jouant un rôle primordial de filtration. Tant mieux si on peut poursuivre leur mission en agrandissant encore plus notre marais.« 

Tout comme en 1997, la mission de LAMRAC consiste aujourd’hui à préserver, entretenir et mettre en valeur l’ensemble de son territoire, tout en entretenant un réseau de sentiers.