Un «pouceux» à la guitare en vacances à Magog

VOYAGE. Les clients de la SAQ sur la rue Principale ont reçu un accueil plutôt inhabituel, la semaine dernière, alors qu’un musicien «itinérant» s’y est installé pour gratter de la guitare et chanter, dans l’espoir de recueillir quelques dollars. Assis par terre sous un soleil de plomb, aux côtés de son étui à guitare et d’une pancarte en carton sur laquelle il était écrit «Voyageur pauvre. N’importe quoi aide», Victor Fortier passait difficilement inaperçu vendredi dernier (14 septembre). Non pas qu’il se faisait insistant, au contraire, mais bien que sa présence piquait simplement la curiosité. «Ça fait un mois que je fais du pouce et que je me promène un peu partout au Québec, raconte le jeune homme de 23 ans, entre deux chansons de Pink Floyd. Je le fais pour le «fun» de rencontrer du monde et découvrir de nouvelles places. Je vis avec l’argent que les gens me donnent, mais je traîne toujours deux cannes de «corn beef» et deux bouteilles d’eau, au cas où que ça irait mal.» Étonnamment, Victor Fortier s’offre des vacances en partant de la sorte vers l’inconnu, avec le strict minimum. À l’image de ceux qui font des voyages sac à dos à l’étranger. L’an dernier, avec des amis, il s’est même rendu jusqu’à Winnipeg grâce à de bons samaritains qui l’ont embarqué dans leur véhicule. Le voyageur s’est même permis une balade improvisée sur des trains de marchandises qui l’ont conduit sur des dizaines de kilomètres. «C’était vraiment trippant, car on a vu des paysages que l’on ne voit pas de la route. On a même croisé un ours brun! Mais à la fin, je n’étais pu capable. Des fois, c’est vraiment «rough». Juste la semaine dernière, quand il a fait plus froid, je voulais mourir dans ma tente», ajoute celui qui demeure en appartement à Joliette. Lors de son passage de quelques jours à Magog, le visiteur a eu la chance de dormir chez sa tante. Si bien que ses nuits étaient des plus confortables. Malgré cette hospitalité, il a préféré poursuivre sa quête musicale pour payer ses repas et ses cigarettes. «Jusqu’à date, je peux dire que les gens de Magog sont généreux et accueillants. Plusieurs s’arrêtent pour me parler. Un monsieur m’a même offert de dormir chez lui. Normalement, je vais devant les épiceries, car c’est là que c’est le plus payant. Mais on m’a vite fait savoir que je n’étais pas le bienvenu. Pourtant, je ne suis pas méchant!», raconte le musicien, qui préfère en rire. Évidemment, chaque journée réserve son lot de surprises. Par exemple, il se souvient d’une attente interminable le long d’une autoroute où il lui a fallu presque 48 heures pour avoir un «lift». À l’inverse, certaines journées sont mémorables pour les bonnes raisons, comme celle durant laquelle il s’est fait plus d’une centaine de dollars. «C’est drôle à dire, mais pour moi, c’est plus simple de voyager de cette façon qu’avec une voiture. Comme «pouceux», t’es libre de faire ce que tu veux et d’aller où que ça te tente. Après l’été, je vais me retrouver un travail et ramasser de l’argent, car je veux repartir de la même façon l’an prochain», conclut-il.