Un chantier sans projet aux «Quatre-Fourches»
CONSTRUCTION. Des travaux effectués à l’intersection des «Quatre-Fourches» à Magog soulèvent des interrogations depuis plusieurs semaines. Malgré un chantier actif, la Ville assure que le propriétaire du terrain n’a déposé aucun projet commercial à l’hôtel de ville.
La mairesse Nathalie Pelletier admet que la Ville «paraît mal» dans ce dossier, disant même que les élus ont été «mis devant des faits accomplis».
Elle répète qu’aucun plan n’a été déposé pour ce terrain à vocation commerciale situé à l’intersection des chemins Southière et Roy, ainsi que de la route 112. Elle comprend les inquiétudes des citoyens, qui s’interrogent alors sur la pertinence de travaux.
Un déboisement a été effectué l’hiver dernier. Cette coupe d’arbres a été suivie par un remblaiement d’une zone humide, puis de travaux de canalisation. «Nous n’avons aucun mot à dire, car c’est le ministère de l’Environnement qui est responsable de ce type de travaux, signale Mme Pelletier. On ne souhaite pas gérer ces dossiers, mais on aimerait être mis au courant pour mieux planifier. La Ville, le ministère et le promoteur travaillent malheureusement en vases clos.»
Mme Pelletier n’apprécie guère que des travaux de remblaiement précèdent de plusieurs mois la construction d’un possible bâtiment commercial. «Actuellement, le promoteur prépare tout simplement son terrain, déplore-t-elle. On pourrait toutefois faire une analyse plus globale et complète en intégrant ces travaux préliminaires à une demande de permis de construction.»
Les citoyens Alain Albert et Michel Raymond ont soulevé cette absence de communication entre le ministère de l’Environnement et la Ville de Magog, lors du conseil municipal du 21 août dernier. Ils n’aiment pas cette façon de faire. Ils pressent les élus à demander des comptes à Québec pour éviter ces situations et exclure, à l’avenir, de faire du remblaiement de lieux humides avant de construire au-dessus de ces sols transformés.
Rappelons que la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques (MHH), adoptée en 2017, permet au ministère de l’Environnement, Lutte contre les changements climatiques, Faunes et Parcs (MELCCFP) d’autoriser des demandes de destruction de milieux humides, mais en échange de compensations financières. Cet argent doit servir à restaurer et à protéger ces écosystèmes ailleurs dans la région.
Dans le dossier qui nous concerne, la famille Lamarre a payé 61 000 $ pour obtenir l’autorisation de détruire 3339 mètres carrés de milieux humides. L’objet de la demande consistait à une intervention en milieux hydriques et humides pour l’implantation de locaux commerciaux.
Joint par texto pour clarifier la nature des travaux et les intentions des propriétaires, Dominic Lamarre a répondu en disant que sa famille n’avait aucun commentaire à formuler.
Par ailleurs, l’organisme Magog Vert émet aussi des réserves à l’égard de ces travaux. « Bien que ce terrain soit zoné commercial, la Ville devra tenir compte du fait qu’il se retrouve entre une école primaire, une Maison des aînés, derrière une piste cyclable fréquentée par de nombreux piétons et cyclistes, et à proximité d’un milieu humide riche. Nous avons confiance que la Ville ne laissera pas n’importe quel projet s’établir sur ce coin de rue sensible », ajoute la présidente de Magog Vert, Brigitte Blais.