Un bail entre la Ville de Magog et le privé irrite des citoyens

AFFAIRES MUNICIPALES. L’entente entre la Ville de Magog, Magog Technopole et le Groupe Custeau horripile quelques citoyens engagés dans la communauté. Le bail, l’offre de location et la transaction d’un terrain municipal au centre-ville figurent au cœur des doléances.

Avec Yves Grandmaison en tête, ils espèrent que les contribuables rejetteront cette proposition soumise à un registre ouvert à toute la population. Ils craignent cependant qu’il soit un peu tard pour rassembler 2232 signatures d’ici jeudi 20 h pour freiner une aide financière de la Ville, qui pourrait s’élever jusqu’à 2,7 M$ sur 10 ans.

La troupe de M. Grandmaison peste surtout contre l’investissement public dans le privé. «Le Groupe Custeau est mort de rire, car on leur finance quasiment la construction du bâtiment, s’insurge-t-il. Et il y a pourtant d’autres locaux vides qu’on pourrait d’abord occuper.»

Pour sa part, Michel Gauthier conteste le processus pour informer les contribuables. «Peu de gens sont informés de ce bail, tellement que les élus semblent presque vouloir le passer sous silence», s’indigne-t-il.

«On devrait annuler le processus d’adoption de ce bail ou le reporter d’un mois, le temps de mieux livrer l’information», ajoute l’ex-conseiller municipal Robert Ranger.

Ce groupe juge trop élevés les 2,7 millions de dollars que versera la Ville de Magog à Groupe Custeau si l’entente se prolonge sur dix ans (270 000 $ par année). Il en coûtera dans les faits 350 000 $ annuellement pour payer les loyers commerciaux, mais la différence entre les deux montants sera assumée par Magog Technopole.

Les opposants pensent aussi que les 110 000 $ payés pour acheter le terrain de la Ville sont faiblement payés pour un terrain situé au centre-ville (ancien édifice Deragon).

Yvon Bélair ajoute sa voix à l’opposition des citoyens. Il digère mal cette aide publique à une entreprise privée (Groupe Custeau), d’une part, pendant que, d’autre part, la Ville envisage de tripler le coût des loyers des organismes au Centre communautaire.

Ces citoyens invitent les contribuables à manifester leur opposition en formulant une demande de scrutin référendaire via l’onglet «avis publics» au www.ville.magog.qc.ca, par courriel à greffe@ville.magog.qc.ca ou en se présentant à l’hôtel de ville.

Des espaces déjà loués à 75%

Magog Technopole voit d’un bon œil cette collaboration, qui lui permettra de répondre à ses besoins croissants.

Son directeur général André Métras spécifie que ces 270 000 $ est la même somme que précédemment versée par Magog à son organisme. «L’argent servira notamment à payer la location des bureaux, mais nous recevrons également des revenus de location à titre d’opérateur», spécifie-t-il.

M. Métras assure qu’il s’agit d’une collaboration gagnante pour tous les intervenants, surtout que les étages 1 et 2 du futur bâtiment sont déjà loués à 75%. «D’autres entreprises ont manifesté de l’intérêt pour occuper le reste des bureaux à louer», ajoute-t-il.

Conscient que des espaces à louer sont disponibles en périphérie du centre-ville, comme à l’étage du Carrefour Santé Globale et possiblement bientôt dans l’ex-Difco, M. Métras rappelle l’importance de conserver les entreprises associées aux technologies de l’information et des communications (TIC) le plus rapprochées entre-elles. «On occupera et on animera le centre-ville avec une centaine de travailleurs supplémentaires travaillant pour 15 à 20 PME, se réjouit-il. Ce sera un lieu innovant, créatif et collaboratif, qui stimulera l’achat local.»

La mairesse de Magog, Vicki-May Hamm partage l’enthousiasme de M. Métras, surtout que l’entente pourra être interrompue après cinq ans au besoin. Elle tient à signaler que ce bail permettra de réduire la somme totale des loyers au bout de la ligne.

La première magistrate ajoute qu’il s’agit d’une chance unique de rassembler une grande surface de location à un seul endroit, et au centre-ville en prime. «Je rappelle à tous qu’on a toujours dit et ciblé le centre-ville comme la zone privilégiée pour les TIC, insiste-telle. Ce sera très bon pour nos commerçants.»