TRIBUNE LIBRE: Quai MacPherson ! Un projet chaud… qui donne le frisson

Des promoteurs proposent à la Ville de Magog l’installation d’un sauna flottant au quai MacPherson, tout juste à côté du bateau touristique Le Grand Cru. Ils entendent ainsi faire profiter leurs clients du magnifique panorama qu’offre le quai sur le lac Memphrémagog et le mont Orford. Le sauna serait ouvert à tous, enfants inclus, douze mois par année. Les promoteurs vantent les bienfaits physiques du sauna, s’attardent à souligner qu’il s’agit d’un lieu qui favorise les rencontres, promettent de ne pas modifier l’environnement. Nos élus demandent les commentaires des citoyens avant de décider quelles suites ils donneront au projet. Ils ont déjà tenu une assemblée d’information et ils ont placé un sondage à ce sujet sur le site Internet de la Ville de Magog.

Les saunas ont leur origine dans les pays nordiques de l’Europe et leurs bienfaits sur la santé sont bien connus. L’implantation d’un sauna à Magog pourrait donc être un atout pour la santé des résidents et pourrait aussi attirer des touristes dans notre ville. Ceci dit, la localisation du projet suscite de grandes interrogations.

On propose un édifice imposant (environ quinze mètres de côté sur cinq mètres de hauteur) qui s’insérera entre Le Grand Cru et la rive et bloquera le peu qui reste de la vue sur le lac et la montagne, vue déjà bien hypothéquée par Le Grand Cru. L’édifice bloquera aussi la vue vers la pointe Merry aux utilisateurs de la plage municipale et aux promeneurs sur les pistes piétonne et cyclable. Doit-on réserver la vue sur le lac et la montagne aux quelques utilisateurs d’un sauna ou la laisser à l’ensemble des citoyens et touristes qui fréquentent le quai MacPherson ?

Il existe une importante frayère de truite grise (touladi) à cet endroit du lac. Les promoteurs affirment avoir fait effectuer une étude de l’impact prévu de leur projet sur cette frayère. Mais combien d’études réalisées au Québec ont montré à l’usage que les impacts réels des projets sur l’environnement avaient été minimisés dans les études ?

Le sauna sera fonctionnel 12 mois par année, un des arguments de vente des promoteurs. Mais quel  » tsoin-tsoin  » ira se chauffer la couenne à 75 degrés Celcius en plein été alors qu’il peine à endurer la température ambiante de 30 degrés Celcius? Il existe déjà des saunas dans la région et leur achalandage au cœur de l’été est plutôt réduit, semble-t-il. Quel serait l’impact sur la rentabilité du projet d’un faible achalandage au cours de l’été, au cours des saisons mortes du printemps et de l’automne? Quel serait cet impact sur les revenus anticipés de la Ville, puisqu’on suppose que la Ville retirera une compensation financière de la location de l’emplacement aux promoteurs?

Les promoteurs veulent utiliser les installations sanitaires de l’ancienne gare. Au cours de l’hiver, leur clientèle devra donc traverser le sentier glacé pour utiliser les installations. Pour des raisons d’accès sécuritaire aux installations, ils proposent donc de mettre en place la passerelle étagée (utilisée l’été pour le triathlon Trimemphré) au-dessus de la patinoire. On imagine aisément l’impact visuel désastreux de la passerelle dans ce décor. D’autres questions se posent. Qui installera la passerelle et l’entretiendra durant les mois d’hiver? Aux frais de qui? Qui en sera responsable? Quels agents de déglaçage utilisera-t-on sur la passerelle et quel sera leur impact sur la qualité de la glace de la patinoire en dessous? Comment assurera-t-on la protection des patineurs quand ils croiseront la « Zamboni » sous la passerelle? La boucle de la piste de patinage sur le quai MacPherson sera-t-elle maintenue ou la perdra-t-on pour assurer la sécurité des utilisateurs du sauna ?

Pour résumer le tout. Ce projet de sauna peut être un atout pour la Ville de Magog, mais il ne faut pas qu’il se fasse au détriment de la population et des touristes, dont une très faible proportion utilisera le sauna. Il faut donc refuser catégoriquement cette proposition des promoteurs du sauna d’utiliser le quai MacPherson. Il existe des terrains privés sur la rive est du lac ou le long de la rivière Magog qui pourraient accueillir leur projet. La Ville n’a pas à fournir à une société privée le meilleur emplacement du territoire, l’endroit d’où le plus grand nombre de photographies de la région est réalisé, l’endroit où il faudrait plutôt installer des bancs publics pour que chacun puisse profiter de la vue. La Ville n’a pas non plus à pénaliser ses installations sanitaires et récréatives (le sentier glacé) au bénéfice d’une société privée.

Il est important que chacun fasse connaître son opinion au sujet de ce projet de sauna flottant au Conseil de ville ou en contactant directement les élus.

Carmen Mathieu  

Pierre-Marie Trottier    

Magog