Tribune libre: J’ai honte

Je me promène dans ma ville et je suis désappointé par l’affreuse apparence et la condition de nos rues. Et la cerise sur le sorbet est bien ce terre-plein délabré sur la rue Sherbrooke qui nous identifie aux yeux de milliers de visiteurs comme des individus qui acceptent volontairement ce manque d’élégance.

 

Nos artères sont parsemées de millions de retouches et ces rapiècetages, de formes variées, qui sont dispersées, aléatoirement, et, souvent, à quelques centimètres d’énormes cavités qui posent un danger aux motocyclistes autant que les autres usagés des voies publiques. Laisse-t-on ces vestiges à cause de la myopie ou de l’indifférence de ces colmateurs, qui s’assurent ainsi une continuité d’emploi ou plutôt à la faiblesse dans la supervision des travaux, fonction intégrale d’une gestion éclairée?

 

A maintes occasions j’ai fait mention de la faible qualité du travail de ces bouche-trous qui reviennent deux ou trois fois durant une même saison pour remplir les mêmes trous problématiques. Nous avons déjà eu des gérants municipaux qui menaient leur barque de façon à soulager les contribuables de dépenses inutiles, et les travaux répétitifs en sont un exemple flagrant. Ont-ils dit non trop souvent à des projets insensés pour qu’ils soient mis au rencart si sauvagement? Si seulement la mouche au mur pouvait parler.

 

La condition de nos rues me désappointe parce que des sommes importantes ont été retenues pour ce qui s’avère maintenant être un investissement maladroit, à cause d’un maillon faible situé directement au niveau de la gestion des travaux. Vous pouvez aimer les fleurs sauvages ou avoir bien d’autres opinions sur de nombreux sujets mais notre réputation comme destination touristique de choix doit être envisagé dans la prise de décision. Il faut voir notre ville avec les yeux de nos visiteurs, dont les attentes sont conditionnées par ce qu’ils ont déjà vu ailleurs, là où l’entretient des lieux faisait preuve de minutie et de raffinement.  

 

Être un gérant municipal exige plus que des qualités d’expert en météo pour ajuster son tir selon la direction du vent. Les déplacements fréquents de deux équipes de bouche-trous, au coût d’environ $800.00 l’heure, la qualité des travaux, l’apparence loufoque des retouches et la présence de mares sur la chaussé lors de pluies sont des sujets à revoir séance tenante.

 

L’apparence de nos rues fait honte et le temps est venu d’y voir.