TRIBUNE LIBRE: Inquiétudes pour les archives régionales

L’annonce de la fermeture de la Société d’histoire de Magog (bien que temporaire, espérons-le) est révélatrice de l’importance que la société accorde au financement et à la préservation de son patrimoine. 

En fait, l’exemple de Magog ne fait que s’ajouter à une longue liste de cas de figure alarmants que vit le milieu archivistique québécois, en grande partie à cause d’un sous financement. Nous n’avons qu’à penser au sort qui fut réservé aux archives des Sulpiciens en 2020 qui sonna un premier cri d’alarme dans la communauté archivistique, tout particulièrement en ce qui concerne les archives religieuses.

Depuis quelques mois, le Mhist-Musée d’histoire de Sherbrooke cherche activement les archives de la défunte Société d’histoire de Dudswell pour un projet de diffusion. Cette entité a cessé ses activités il y a quelques années et force est de constater que ses archives semblent maintenant disparues ou introuvables ! Le signal était le même l’an dernier dans une localité de la MRC des Sources où la société d’histoire locale se voyait couper son financement et son local par sa propre municipalité. Heureusement, grâce à la verve et les actions de quelques historiens et amateurs d’histoire locale, la situation semble avoir trouvé un dénouement positif, mais pour combien de temps?

Au niveau national, les membres du Réseau des services d’archives privées agréés du Québec, dont le Mhist, reçoivent un montant annuel de la part du ministère de la Culture et des Communications par l’entremise de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Cependant, malgré les années et le travail accompli par ces institutions, sans compter les besoins technologiques criants, le montant reçu par ces institutions stagne. Au dernier budget, le ministre Éric Girard octroyait une enveloppe temporaire de 3 ans pour le financement de ces services d’archives agréés. Une aide temporaire qui était attendue depuis plusieurs années, pour permettre à ces organismes de mener à bien leur rôle de préservation du patrimoine national québécois, et surtout de le rendre accessible à la population aux quatre coins de la province. Il reste maintenant à maintenir ce financement à long terme, c’est une question de survie pour la plupart des services d’archives, qui peine à poursuivre leur activité en raison de l’inflation, tout en tentant de répondre aux demandes des chercheurs et en faisant rayonner le patrimoine régional. 

Le domaine culturel est en crise et le financement d’un service d’archives peut paraître moins concret que l’ouverture d’une bibliothèque ou le financement d’un festival, toutefois il s’agit de préserver notre passé, de comprendre l’évolution de notre société : son développement, ses humains, ses habitudes, son identité! Une fois nos sociétés d’histoire disparues ou fermées, nous perdons non seulement l’expertise de ces passeurs de mémoire, mais également la richesse et le regard de notre passé local.

 

David Lacoste

Directeur général du Mhist – Musée d’histoire de Sherbrooke

 

Karine Savary

Présidente du Regroupement des services d’archives privées agréés du Québec (RSAPAQ)

Conservatrice du Mhist – Musée d’histoire de Sherbrooke