Traversée du lac Memphrémagog: «Disons que ça regarde bien mal»

Faisant partie de ceux qui ont tenu à bout de bras la Traversée internationale du lac Memphrémagog ces dernières années, Serge Laurendeau se fait à l’idée que la 37e édition ne verra probablement jamais le jour.

S’il en vient à ce constat, ce grand bénévole ne le fait pas de gaieté de cœur. Il est le premier à éprouver une déception à voir un événement, dans lequel il s’est investi corps et âme, disparaître de la sorte.

«Quelques personnes de la place m’en parlent, me disent que ça ne sera pas pareil cette année. Mais les touristes ou les gens qui ne viennent pas d’ici, ils n’en ont rien à foutre. Et je me serais attendu à plus des commerçants qui semblent avoir tourné la page rapidement. Disons que ça regarde bien mal», confie-t-il.

Pourtant, comme le répète M. Laurendeau, tous les ingrédients étaient en place pour permettre à une équipe de prendre les commandes d’une organisation en bonne posture. L’équipement est déjà acheté, des dizaines de bénévoles sont disponibles, les nageurs adorent les eaux du Memphré et l’ancienne direction, dont M. Laurendeau, s’est montré ouverte à partager son savoir-faire.

Malgré tout, aucun sauveur ne s’est manifesté. «Quand j’ai donné trois mois de mon temps en 2014 en délaissant mon commerce pour sauver la Traversée de la faillite, les gens m’encourageaient, me remerciaient et me disaient que c’était la chose à faire pour amener de l’activité au centre-ville. Aujourd’hui, je suis amer de voir qu’après tous ces sacrifices, c’est l’indifférence presque totale», déplore-t-il.

Aussi longtemps que les livres demeureront ouverts, Serge Laurendeau gardera un mince espoir qu’un miracle puisse se produire. Mais si l’inévitable survient et que la pause d’un an s’éternise pour toujours, le grand manitou tournera la page avec le sentiment du devoir accompli.

«On a tout essayé pour sauver la Traversée, même lorsque tout le monde avait lancé la serviette. On y a cru et on l’a fait pour la communauté qui bénéficiait d’importantes retombées. Peut-être que c’est un signe des temps qu’il faut passer à autre chose. Ce qui est clair, c’est que jamais je pourrai regretter de ne pas avoir essayé. J’ai fait tout ce que j’ai pu», conclut-il.