Tout vendre pour vivre et travailler à temps plein dans une roulotte

TÉMOIGNAGE.  C’est presque un euphémisme de dire que les planètes étaient alignées lorsqu’on écoute l’histoire des Magogois Steve Lemieux et Manon Lafleur, qui ont tout vendu pour vivre à temps plein dans une roulotte sur un camping, partageant leur nouvelle vie entre le Québec et le chaud soleil des États-Unis.

Ce qui rend leur destinée encore plus particulière est que les deux «saisonniers» ne sont pas des retraités, comme la plupart de leurs nouveaux voisins. Steve Lemieux et Manon Lafleur travaillent à distance pour leur employeur respectif, le premier dans le secteur des technologies et l’autre dans le domaine financier. 

Bref, leur roulotte sert à la fois de résidence permanente et de lieu de travail. «Si quelqu’un m’avait dit, il y a un an et demi, que je n’aurais plus de maison et que je ferais du camping à l’année, je l’aurais traité de fou. Et pourtant, c’est qui ce qui est arrivé!», lance M. Lemieux en riant. 

Frappés par des épreuves

Si ce scénario semble étonnant, c’est parce que les deux partenaires n’avaient jamais fait de camping auparavant, encore moins de vivre aussi longtemps entre les quatre murs d’une roulotte. C’est plutôt une succession d’événements impromptus qui les ont conduits, il y a quelques mois, vers ce nouveau mode de vie.

«Comme tout le monde, la pandémie nous est rentré dedans. En plus, au même moment, ma mère est décédée après un long combat contre la maladie. Et l’an dernier, ma fille a reçu un diagnostic de cancer. Au moins, les traitements ont bien répondu, mais ce sont des épreuves qui nous ont amenés à réfléchir énormément.»

Le moment ou jamais

En plus d’entendre ces signaux de la vie, le couple s’est retrouvé au coeur d’un «timing» tout simplement parfait. À la recherche d’un nouveau passe-temps, ils ont vendu leur bateau  pour s’acheter une première roulotte. Ils ont vite pris goût à ce nouveau style de vie, en plus de se permettre un premier voyage en trimballant leur maison mobile aux États-Unis, à l’hiver dernier. 

«On était tellement bien que c’est la première fois qu’on a soulevé l’idée de vendre la maison. Mais sur le coup, la réponse était plus: «ouin», mais pas tout de suite!»

«Mais quand on a vu la hausse des prix en immobilier, on s’est dit que c’était maintenant ou jamais. Le jumelé s’est vendu en une semaine. Avec le profit, on a payé nos dettes, acheté une nouvelle roulotte plus confortable et il nous reste même de l’argent de côté.»

Une décision majeure qui a aussi été approuvée par leurs deux filles, qui habitaient encore dans la résidence familiale lorsque leurs parents leur ont fait part de cette idée. «Au début, disons que ça n’a pas bien passé au conseil. Mais après, elles ont compris. On leur a trouvé un jumelé en location où elles vivent ensemble à Sherbrooke. C’est tellement grand qu’il y a même une place pour ma femme et moi pour y dormir et y garer la «fifthwheel» au besoin!»

Un style de vie plus simple

Reste que pour Steve Lemieux, l’aspect le plus difficile derrière tout le positif est assurément d’être loin de ses enfants et ses proches, et ce, pendant si longtemps. Heureusement, autant ses filles que des amis ont choisi de passer leurs prochaines vacances hivernales à leurs côtés. «On est sorti du Québec, mais le Québec vient à nous. On va s’ennuyer de notre monde, c’est certain. Mais pour le moment, c’est encore la lune de miel et on ne regrette aucunement notre choix. On ne s’ennuie pas de la maison pour cinq cennes! Je dirais même qu’en date d’aujourd’hui, je ne me vois pas racheter un pied à terre à court et moyen termes!», raconte celui qui est arrivé à Fort Pierce en Floride, le 2 octobre dernier. 

«Une roulotte, c’est tellement plus simple et moins d’entretien. Ma femme et moi, on est ensemble depuis 28 ans et on a tellement plus de temps pour se retrouver et avoir du plaisir, comme un jeune couple. On a les moyens de faire ce qu’on veut, avec moins de stress et de responsabilités. On a un style de vie qui est vraiment le fun!»

Si des gens étaient intéressés d’entamer un tel changement, le Magogois soutient que le plus difficile est de trouver un terrain de camping abordable aux États-Unis, alors que les prix ont littéralement explosé au cours des derniers mois. «Juste la location du terrain, ça nous coûte environ 800 $ US par mois, ce qui est équivalent à une hypothèque. Mais on a été vraiment chanceux, car dans d’autres campings, on parle d’un tarif de deux à trois fois plus cher. De plus, il y d’autres frais à calculer, comme les assurances de santé, l’achat d’un «pick-up» pour traîner la roulotte, les frais de déplacement, les entretiens, etc. C’est un mode de vie quand même accessible, à condition de trouver les bons endroits et que les planètes soient parfaitement alignées, comme nous!», conclut le principal intéressé.