Suspension de 100 jours à un conseiller de Bolton-Est

ÉTHIQUE. Le conseiller municipal de Bolton-Est, Alain Déry, s’est vu imposer la semaine dernière une suspension de 100 jours par la Commission municipale du Québec, pour cinq manquements au code d’éthique et de déontologie en matière municipale.

Le politicien a été sanctionné après avoir omis de mettre la distance nécessaire entre son rôle d’élu et celui de président du Rucher Boltonnois.

À titre de membre du conseil, M. Déry a notamment participé en février 2020 au vote autorisant la vente de l’atelier municipal de Bolton-Est au Rucher Boltonnois, afin que cet organisme puisse y établir son quartier général et y tenir ses principales activités. L’entente prévoyait aussi que la Municipalité verse un loyer annuel de 1400 $ afin de continuer à utiliser une partie du bâtiment.

Le problème, c’est que le fautif aurait dû s’abstenir de voter et mentionner qu’il avait un intérêt pécuniaire dans le projet, étant officiellement un créancier du Rucher.

Quelques semaines plus tôt, Alain Déry avait consenti un prêt de 100 000 $ au Rucher Boltonnois, afin d’aider au démarrage de la campagne de financement.

Cette campagne s’était rapidement soldée par une récolte de 285 000 $ en prêts (269 000 $) et dons (16 000 $), soit le montant requis pour l’achat de l’atelier municipal.

«Au moment où le conseil de ville a voté pour accepter l’offre d’achat (du bâtiment), je ne croyais pas nécessaire de déclarer mes intérêts, du fait que le Rucher est un organisme à but non lucratif. Personne d’autre au conseil ni même la directrice générale n’a cru qu’il s’agissait d’un manquement à l’éthique», s’étonne-t-il encore.

«J’ai commis des erreurs de façon inconsciente et je vais en assumer les conséquences», a-t-il dit sur un ton repentant.

 

PLAIDER COUPABLE

Disant vouloir éviter des frais coûteux à la Municipalité, Alain Déry a choisi de plaider coupable aux accusations qui pesaient contre lui. Parmi celles-ci, on note également sa participation comme élu à un vote pour un don municipal de 8770 $ au Rucher Boltonnois, ainsi qu’un contrat de 258 $ survenu entre son entreprise informatique (Les Solutions Buddysoft) et la Municipalité.

Dans son verdict, le juge administratif Me Thierry Usclat a noté la bonne foi de l’accusé, tout en soulignant le fait qu’il était socialement impliqué dans la communauté.

Ce qui ne l’a pas empêché d’imposer une sanction relativement sévère, surtout si on la compare à celles du maire d’Eastman Yvon Laramée (20 jours) et du conseiller du Canton de Potton Michael Laplume (remboursement d’un trop-perçu) qui ont été condamnés eux aussi pour des manquements à l’éthique au cours des deux dernières années.

Ironiquement, cette suspension de 100 jours aura duré quelques jours seulement, puisqu’elle prend fin parallèlement avec son mandat de conseiller municipal.

Le principal intéressé espère toutefois revenir au conseil pour un second terme, dès le 7 novembre prochain.

«Ce qui me désole le plus dans tout ça, c’est que cette enquête a été initiée par une manœuvre partisane. Oui, je suis déçu de la tournure des événements et j’aurais pu tout laisser tomber. Mais au contraire, ça m’a donné encore plus le goût de continuer», a conclu Alain Déry.