Son agoraphobie la mène jusqu’à un plateau de télévision en France

GUÉRISON. Mélanie Laplante s’est souvent sentie bien seule dans son combat contre l’agoraphobie. Mais ça, c’était avant que des centaines de milliers de Français ne fassent sa connaissance lors d’une populaire émission diffusée à l’antenne de France 2, le 31 août dernier Lorsqu’elle a lancé un compte Instagram sous l’appellation «melanie_et_lagoraphobie» il y a quelques mois, la Magogoise de 42 ans souhaitait d’abord se lancer un défi et sortir de l’isolement. Souffrant d’agoraphobie (décrite comme la peur des endroits publics) depuis une vingtaine d’années, elle était convaincue de retirer des effets positifs en faisant connaître sa condition et en publicisant ses petites et grandes réussites. «Moi, je n’ai pas nécessairement peur de me retrouver en public. Ma phobie, ce qui me cause principalement de l’angoisse, c’est de m’éloigner de la maison», précise-t-elle d’entrée de jeu. Confirmant encore une fois la puissance et la portée que peuvent avoir les médias sociaux, son histoire s’est rendue jusqu’aux recherchistes de l’émission «Ça commence aujourd’hui», une quotidienne diffusée en direct sur France 2. «En effectuant des recherches, les gens de l’émission sont tombés sur mes vidéos et il semble qu’ils aient apprécié. Ils sont entrés en contact avec moi, parce qu’ils préparaient un épisode ayant pour thème «Nos invités passent à l’action». On a communiqué pendant quelques mois parce qu’ils voulaient se tenir au courant de mon histoire», raconte la mère de trois enfants. Invitée à la dernière minute À sa grande surprise – et à quelques jours d’avis -, Mélanie Laplante est invitée à se rendre en France à la fin du mois d’août pour participer à l’enregistrement de l’émission. Une équipe de tournage débarque aussi chez elle pour préparer un topo de présentation. «Je devais me rendre là-bas dès la semaine suivante. Même s’ils défrayaient le coût des billets d’avion, ça me semblait impossible puisque je venais tout juste de prendre des vacances… et j’étais terrorisée à l’idée de prendre l’avion et de me retrouver à l’étranger», avoue-t-elle. «Ils ont appelé ma mère (avec qui elle travaille comme coiffeuse) pour qu’elle m’accorde quelques journées de congé supplémentaires et ce ne fut pas vraiment difficile de la convaincre», ajoute-t-elle en riant. Devant assumer elle-même les autres frais une fois sur place (hébergement, nourriture, etc.) elle sollicite l’aide de son entourage. «En l’espace de 24 heures, j’ai récolté 1000 $ auprès de mes proches et amis. Ils m’ont donné un sérieux coup de pouce», dit-elle avec reconnaissance. Même si elle était accompagnée de sa fille (Dylane Lavoie) et de son nouveau conjoint (Mathieu Gaudreau), la Magogoise reconnaît avoir vécu des moments d’anxiété en se préparant à ce séjour à l’étranger. Sachant qu’il lui est parfois difficile de faire une simple visite à l’épicerie, on peut imaginer son désarroi face à l’idée de se retrouver parmi des milliers de voyageurs. «J’ai pleuré tout le long de la route menant à l’aéroport. Mais une fois rendue dans l’avion, j’ai cessé de m’inquiéter et j’en ai même profité pour dormir. Il faut dire que j’avais fait un peu d’insomnie lors des nuits précédentes, en pensant à tout ce qui m’attendait», avoue-t-elle. Étrangement zen En dépit de ses appréhensions, le voyage outre-mer se déroule bien. Une fois arrivée en studio, Mélanie Laplante répond avec aplomb aux questions de l’animatrice vedette Faustine Bollaert. «Étonnamment, j’étais zen comme je ne l’ai jamais été. Et tout le monde sur le plateau semblait connaître mon histoire», s’étonne celle qui a eu droit à une quinzaine de minutes d’antenne en direct. La mère de famille vivra une autre «consécration» ce vendredi 21 septembre alors qu’elle sera l’invitée de l’animateur Denis Lévesque, sur les ondes de TVA et LCN. Après la France, ce sera au tour du Québec de faire sa connaissance. Beaucoup de gens en souffrent, mais l’ignorent Revigorée par son expérience en France et tous les commentaires positifs qui en ont découlé, Mélanie Laplante est décidée plus que jamais à partager son vécu, convaincue qu’elle peut aider d’autres personnes dans sa situation. Elle souhaite notamment participer à des conférences pour offrir du soutien. «J’ai pris un événement négatif et je l’ai transformé quelque chose de positif. Je veux maintenant faire prendre conscience à d’autres qu’il existe une lumière au bout du tunnel», affirme-t-elle. À défaut d’être pleinement guérie, elle soutient avoir fait des pas de géant depuis les derniers mois. «Je me demande parfois comment j’ai pu aller si mal. L’agoraphobie, ça ne s’explique pas, ça se vit. Beaucoup de gens en souffrent, mais l’ignorent. Dès que tu te mets à éviter des lieux publics, des routes ou des situations qui t’angoissent, il faut te poser des questions; il y a peut-être un mal qui te ronge», suggère-t-elle. Prise par son trouble, elle reconnaît avoir donné une très mauvaise image d’elle-même au cours des dernières années. «Ça a nui à plusieurs facettes de ma vie. J’étais incapable de faire des voyages. Juste aller à la mer à quelques heures d’ici, c’était toute une aventure. On me décrivait comme casanière, car je voulais toujours rester chez moi. Si j’agissais comme ça, c’est parce que ma maison est l’un des seuls endroits où je me sentais en sécurité», plaide-t-elle.

Mélanie Laplante a relevé des défis dès son plus jeune âge. Elle a notamment combattu un cancer à l’âge de 6 ans .
«Ma fille (de 16 ans) joue au basket et je n’ai pratiquement jamais assisté à ses matches. Je trouvais ça trop long ou trop insécurisant de me retrouver dans un lieu différent. Quand j’y allais, je restais quelques minutes seulement et je m’assurais d’être très proche de la sortie», ajoute-t-elle avec une dose de regret. «Mon prochain défi, ce sera d’assister à une joute au complet», clame-t-elle. Et on peut être convaincu que Mélanie Laplante y parviendra, sachant que les défis font partie de sa vie depuis son tout jeune âge. «À l’âge de 6 ans et demi, on m’a annoncé que je souffrais d’un cancer du rein à un stade avancé. Les pronostics n’étaient pas très bons. Mais malgré tout, je m’en suis bien sortie même si je vis avec juste un rein depuis ce temps.» On m’a aussi dit que je n’aurais jamais d’enfant, et pourtant, j’en ai eu trois. Même des jumeaux», rappelle-t-elle en riant.