Serge Laurendeau: le sauveur de la Traversée
Question de souligner ses 60 ans et de profiter davantage de la vie, Serge Laurendeau prévoyait passer «une année tranquille» en 2014. Son vœu (pieux) n’aura duré que quelques mois, le temps qu’on lui lance un S.O.S. et qu’on le supplie de sauver la Traversée internationale du lac Memphrémagog, maintenue en vie artificiellement.
L’expression «Tatouée sur le coeur» convient parfaitement à Serge Laurendeau et à son attachement pour la Traversée.
Impliqué dans cet événement pour une première fois au milieu des années 1980, il en a pris la présidence au début des années 1990 et il a par la suite poursuivi son association à divers postes, notamment comme vice-président aquatique.
Lorsque la direction de la Traversée s’est placée sous la protection de la loi sur les faillites et que la majorité du conseil d’administration a quitté le navire au printemps 2014, M. Laurendeau a accepté de revenir à la présidence, pour une seule année, accompagné de son vieux complice Jean-Guy Gingras. «On avait trois prises contre nous, mais on a quand même relevé le défi avec l’aide des autres dirigeants, des bénévoles et des commanditaires qui ont bien voulu embarquer», laisse-t-il entendre.
«Je suis content d’être revenu et d’avoir réussi à présenter l’événement, même si nous avions seulement trois mois pour le préparer. Peut-être que dans 10 ans, la Traversée existera encore et qu’on se félicitera d’avoir poursuivi l’aventure».
Un enthousiasme contagieux
Petit de taille, Serge Laurendeau fait figure de géant lorsqu’il prend les guides d’une entreprise.
Véritable moulin à paroles et doté d’un rire contagieux, il laisse rarement les autres indifférents. «J’ai le don d’enthousiasmer les gens autour de moi et de les embarquer dans mes projets. J’aime beaucoup le monde et je n’ai jamais eu peur d’être entouré de personnes plus fortes que moi. Ces gens te font profiter de leur expertise et ils te poussent à te dépasser. Et j’ai aussi comme principe que tu dois saluer tout le monde quand tu montes, parce que quand tu redescends, tu risques de les rencontrer à nouveau», philosophe-t-il.
En bénévolat comme en affaires, M. Laurendeau aime se fier à son instinct. Plusieurs ont d’ailleurs froncé les sourcils lorsqu’il a lancé son entreprise (Imprimerie CRM) il y a 25 ans, même s’il n’avait aucune expérience des affaires. «Je connaissais le domaine de l’impression parce que j’avais travaillé 15 ans à l’Imprimerie Faucher, mais je ne savais même pas comment faire une soumission. En plus, je me lançais en affaires en empruntant à des taux de 18 à 20 %. Tout ce que j’avais, c’était du front tout l’tour de la tête», lance-t-il en riant.
Le seul moment où Serge Laurendeau a véritablement frappé un mur, c’est lorsqu’il a opéré un bar (le Scotch & Soda) au centre-ville de Magog il y une quinzaine d’années. «J’ai aimé l’expérience, mais je n’ai pas fait beaucoup d’argent. Ce fut très difficile mentalement et ça m’a conduit à une dépression qui a duré trois ans», a-t-il confessé.
Autres implications
En plus de la Traversée internationale du lac Memphrémagog, plusieurs autres organismes de la région de Magog ont profité de l’engagement de Serge Laurendeau.
Il a notamment présidé le Tournoi de hockey atome-pee-wee, tout en siégeant pendant une dizaine d’années sur les conseils d’administration de Gestion Multi-Loisirs et de la Caisse populaire Magog-Est.
Sur le plan communautaire, il participe annuellement à la Guignolée des Chevaliers de Colomb depuis plus d’un quart de siècle, tout en étant un membre actif du Souper du Partage depuis sa fondation.
Sportif dans l’âme, ce Magogois de 60 ans se fait un devoir de rouler plus de 1000 km à vélo chaque été.
Étant plus jeune, il a également joué au hockey sur une base régulière. Encore là, sa principale qualité était sans doute d’avoir du front tout l’tour de la tête. «Parfois, j’aurais eu avantage à être un peu plus craintif. Ça m’aurait fait moins mal».
Une fille retrouvée… 18 ans plus tard
Si la vie professionnelle et communautaire de Serge Laurendeau est riche en rebondissements, son histoire familiale l’est tout autant.
Le principal intéressé a vécu un chapitre particulièrement touchant au début des années 1990, alors qu’il a revu pour la première fois sa fille, placée en adoption 18 ans plus tôt. «Ma conjointe de l’époque et moi avons fait des démarches auprès de l’assistance sociale pour reprendre contact avec elle et faire plus ample connaissance. Ses parents adoptifs ont compris qu’on ne voulait pas leur enlever leur fille, mais plutôt la côtoyer comme une amie».
«Elle est malheureusement décédée il y a six ans (à l’âge de 34 ans), à la suite d’un virus. Ce que je retiens malgré tout, c’est qu’on a eu une belle relation avec elle et ses parents adoptifs durant 16 ans».