Santé mentale: quand la police et les intervenants sociaux unissent leurs forces
SOINS. Policiers et intervenants sociaux font plus que jamais équipe dans Memphrémagog pour répondre aux besoins sans cesse croissants en matière de santé mentale. Une approche simple, mais novatrice, qui donne déjà des résultats encourageants.
À tous les mois, depuis un an, une travailleuse sociale du Centre de santé et des services sociaux de Memphrémagog (CSSSM) rencontre la Régie de police de Memphrémagog (RPM). L’objectif de cette intervenante est de recueillir de l’information que les policiers ont colligée lors de leurs interventions auprès de cette clientèle. Grâce à cet échange, le CSSSM est davantage aux faits de ce qui se passe sur le terrain. Ce qui permet à la vingtaine d’intervenants en santé mentale de l’hôpital d’assurer de meilleurs suivis et de travailler en prévention.
«Certaines personnes vont sursauter en lisant que les policiers et les intervenants sociaux s’échangent de l’information, présume Martin Robert, responsable des services en santé mentale au CSSSM. Mais cet échange se fait dans un sens uniquement. La police nous informe de leurs dossiers, mais la travailleuse sociale ne divulgue aucune information, par souci de confidentialité avec ses patients.»
Non seulement ces canaux plus structurés permettent d’assurer un meilleur suivi, mais ils sont aussi grandement formateurs pour les deux partenaires. Chacun comprend mieux la réalité de l’autre et tire avantage de ces rencontres pour développer de nouveaux réflexes dans la façon de travailler.
«Comme policier, lorsqu’on intervient plusieurs fois auprès de la même personne, on se demande ce qui ne fonctionne pas, si quelqu’un ne fait pas son travail quelque part, affirme l’agent Paul Tear de la RPM. Maintenant, notre perception est différente, car on sait comment le système fonctionne réellement.»
Une intervention en équipe
Il est aussi fréquent que les policiers demandent l’assistance d’un intervenant en santé mentale sur le lieu même d’une intervention, notamment lorsqu’une personne est en crise ou lorsqu’elle n’obtempère pas avec les agents.
À Magog, une ressource est en tout temps disponible de jour et le soir, la RPM peut faire appel à un service régional similaire, Urgence-Détresse. Le professionnel prend alors en charge la personne pendant que le policier assure la sécurité. Une formule qui donne généralement de bons résultats, comme l’explique Martin Robert.
«Si une personne représente un danger pour elle ou pour les autres, elle peut être amenée à l’hôpital contre son gré grâce à la loi P-38. Mais on fait tout pour ne pas en arriver là, car c’est quelque chose de très traumatisant pour une personne déjà vulnérable. Et socialement, ça coûte cher. On préfère instaurer un lien de confiance et travailler de manière constructive avec le consentement de la personne», soutient le responsable.