Redorer le blason d’un chantier ayant eu mauvaise presse
CONSTRUCTION. Possédant 45 ans d’expérience dans la construction, le directeur des travaux du futur gîte touristique du chemin de Georgeville à Magog, Normand Foucreault, assure que le chantier respecte les règlements municipaux et les règles de l’art.
Il admet quelques «petites erreurs» et un «faible écoulement de sédiments dans le lac» en octobre dernier, mais il demeure convaincu que le dossier n’aurait pas défrayé les manchettes sans les fortes pluies tombées autour du week-end de l’Action de grâces.
«Nous avons été pris de court, car nous avons reçu autant de pluie en 36 heures que dans un mois régulier, spécifie-t-il. Nos barrières de sédiments étaient en place, mais certaines ont cédé. On a rapidement tout remis en place.»
M. Foucreault ajoute que son équipe était sur le point de protéger davantage le site sur le plan environnemental lors des précipitations. «Les inspecteurs de la Ville et du ministère de l’Environnement ont bien vu qu’on était prêt et qu’on a procédé rapidement pour réduire l’érosion et freiner le transport de sédiments vers le lac», renchérit-il.
Effectuée le 11 novembre, une visite de chantier a permis au Reflet du Lac de constater que l’équipe de M. Foucreault avait appliqué des mesures déjà prévues et d’autres suggérées par les experts du groupe RAPPEL.
Empierrement dans les fossés, étendage de paille et de toiles, rideaux de captation sur le lac, protection des zones humides, aménagement de bassins de captation temporaires et permanents, ainsi que des barrières à sédiments figurent parmi les actions entreprises pour réduire l’impact sur l’environnement.
«On a appliqué les propositions de RAPPEL pour bonifier les protections et réduire au maximum l’érosion», expose-t-il.
Le directeur du chantier ajoute que la coupe d’arbres respecte les règlements municipaux. Il félicite aussi le geste du propriétaire Bernard Lemay de reboiser cinq zones afin de majorer le couvert forestier au-delà des 60% exigés par la Ville.
Il rappelle que la bande riveraine de protection de 15 mètres est largement assurée avec le maintien des arbres à une centaine de mètres du lac Memphrémagog.
Quant à l’aménagement d’un long et large chemin d’accès, qui favorise l’écoulement des eaux et des sédiments vers le lac en raison d’une inclinaison vers le plan d’eau, M. Foucreault insiste pour dire qu’il s’agit d’une directive ferme de la part du Service des incendies. Il partage l’objectif des pompiers qui consiste à faciliter le déplacement des véhicules d’urgence pour combattre un éventuel incendie.
Une mauvaise planification avec la Ville?
Pour sa part, le président du RAPPEL, Jean-Claude Thibault, a également constaté sur le terrain les efforts de contrôle de l’érosion. Il tient à souligner la bonne volonté et la collaboration de l’équipe de M. Foucreault.
Il peste plutôt contre la «mauvaise planification» initiale du chantier. Il suggère à la Ville de livrer davantage d’informations topographiques et hydrographiques pour que les entrepreneurs connaissent à fond le terrain à construire. «On ne travaille pas de la même façon près d’un lac et on n’applique par les mêmes règles de contrôle d’érosion dans une pente que dans une prairie», image-t-il.
M. Thibault aurait également souhaité que les différentes équipes municipales se concertent davantage avant de formuler des règlements. Il cite l’exemple du large chemin d’accès imposé par la sécurité incendie.
«Il me semble inquiétant que les normes de sécurité civile provoquent l’insécurité écologique d’un site naturel et d’un lac, déplore-t-il. Ce large tracé en ligne droite, sujet à l’érosion aurait dû être conçu d’une façon telle que les possibilités d’érosion soient réduites au maximum et facilement contrôlable. Bien que les efforts de M. Foucreault soient louables, ce design routier n’avait pas sa place dans un site aussi sensible, d’où les dommages causés à l’environnement».
Il suggère un discours mieux intégré par rapport à l’environnement, surtout que d’autres chantiers s’activeront bientôt sur ce même chemin de Georgeville.
Visite du chantier et des aménagements en photos plus bas.